Un bombardier furtif américain B-2 Spirit a effectué une mission « inédite » en Norvège

En 2021, et pour la première fois, l’US Air Force déploya quatre bombardiers B-1 Lancer en Norvège, précisément sur la base aérienne d’Ørland, située à environ 950 km de la Russie. Cette mission qui, au passage, fut marquée par un incident ayant endommagé l’un des appareils, avait alors au moins deux objectifs : renforcer l’interopérabilité avec les forces aériennes norvégiennes et, surtout, marquer l’intérêt des États-Unis pour le Grand Nord qui était alors le terrain de « jeu » quasiment exclusif de l’aviation militaire russe.

Deux ans plus tard, et alors que le contexte sécuritaire a été bouleversé en Europe avec la guerre en Ukraine et que la Russie évoque régulièrement la menace nucléaire [comme son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l’a encore fait en juillet], l’US Air Force a envoyé trois bombardiers stratégiques B-2 « Spirit » du 509th Bomb Wing en Islande. Un tel déploiement n’est pas inédit puisque le premier du genre avait été effectué en 2019.

Évidemment, le Pentagone n’a nullement besoin de prépositionner des B-2 Spirit en Islande… étant donné que, le cas échéant, ces appareils sont en mesure d’effectuer une frappe depuis la base de Whiteman [Missouri]. Aussi, leur présence en Europe est une affaire de « signalement stratégique ». Mais pas seulement puisqu’elle permet aussi de renforcer l’interopérabilité avec les forces aériennes européennes et de tester de nouveaux modes opératoires dans le cadre du concept ACE [Agile Combat Employment] de l’US Air Force.

Ainsi, le 29 août, un B-2 Spirit a effectué une opération « inédite » en Norvège dans la mesure où c’était la première fois que ce pays accueillait un bombardier de ce type sur son sol. Mais pas pour longtemps puisque cette mission a consisté à effectuer un « ravitaillement à chaud ».

En clair, le B-2 Spirit s’est posé à Ørland pour y « faire le plein » sans arrêter ses moteurs avant de redécoller et poursuivre sa mission.

Cette procédure, qui fait penser à l’arrêt au stand d’une Formule 1, permet d’accélérer le rythme des opérations aériennes puisqu’elle évite de reprendre la procédure de démarrage des réacteurs, laquelle est à la fois longue et compliquée pour un avion comme le B-2

Ce mode opératoire, déjà testé en 2019 en Islande, « étend notre portée, en établissant des centres opérationnels temporaires dans des emplacements stratégiquement choisis et même imprévisibles », a commenté le général James Hecker, le commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique.

« Les capacités de pénétration et de frappe à longue portée offertes par le B-2 sont véritablement uniques au monde. Mais cela nécessite beaucoup de carburant. Affiner notre capacité à interagir avec nos alliés et à utiliser l’équipement et l’infrastructure des pays partenaires pour ravitailler peut réduire considérablement ce que nous appelons souvent notre ‘facture de tankers’ [avions ravitailleurs, nldr]. Dans certains cas, cela pourrait faire la différene entre le succès ou l’échec d’une mission », a expliqué le lieutenant-colonel Andrew Kousgaard, le commandant du « 393rd Expeditionary Bomb Squadron ».

Pour rappel, l’US Air Force ne dispose plus que de vingt B-2 Spirit. Ces appareils ont été cloués au sol entre décembre 2022 et mai dernier, après que l’un d’entre-eux a été obligé d’effectuer un atterrissage forcé en raison d’un dysfonctionnement technique dont la cause n’a toujours pas été précisée.

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