La Biélorussie accuse un hélicoptère Mil Mi-24 polonais d’avoir violé son espace aérien

Début août, la Pologne accusa deux hélicoptères des forces armées biolérusses – un Mil Mi-24 « Hind » et un Mil M-8 « Hip » – d’avoir violé son espace aérien. « La violation a eu lieu dans la région de Bialowieza à très basse altitude, compliquant la détection par les radars », avait alors expliqué le ministère polonais de la Défense, en dénonçant des « actions provocatrices visant le flanc est de l’Otan ».

« Ce sont des situations qui ne devraient pas se produire, mais nous réalisons qui est notre adversaire au-delà de notre frontière orientale. […] C’est absolument dangereux. Si de telles situations se produisent et s’aggravent, nos actions seront adaptées aux menaces potentielles », fit ensuite valoir Wojciech Skurkiewicz, le vice-ministre polonais de la Défense.

Cependant, Minsk rejeta ces accusations en affirmant qu’elles avaient été lancées « par l’armée et les dirigeants politiques polonais pour justifier une nouvelle fois l’augmentation des forces et des moyens près de la frontière biélorusse ».

Exactement un mois plus tard, et alors qu’elle accueille sur son sol les manoeuvres « Boyevoye Bratstvo 2023 », organisées par l’Organisation du Traité de sécurité collective [OTSC] avec 2 500 militaires venus de Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan et du Tadjikistan, la Biélorussie a, à son tour, dénoncé la violation de son espace aéien par un hélicoptère Mil Mi-24 de l’armée polonaise. Et de produire une vidéo censée prouver son accusation.

« Un hélicoptère militaire polonais Mi-24 a traversé la frontière de l’État à très basse altitude à une profondeur de 1200 mètres avant de rentrer », ont en effet affirmé les autorités biélorusses, qui ont ensuite convoqué le chargé d’affaires de la Pologne en Biélorussie pour « attirer l’attention de la partie polonaise sur le caractère inadmissible de cette violation » et « demander instamment à Varsovie de prendre des mesures pour exclure de tels incidents à l’avenir ».

« Des explications appropriées et une enquête approfondie sur l’incident ont été demandées à la partie polonaise. Les résultats de l’enquête et les causes de l’incident, comme c’est l’usage dans les relations internationales, doivent être communiqués à la partie biélorusse dans un délai acceptable », a fait savoir le ministère biélorusse des Affaires étrangères.

Seulement, le ministère polonais de la Défense a nié toute violation de l’espace aérien biélorusse. « Il s’agit de mensonges et de provocations de la part de la Biélorussie. […] Il n’y a eu aucune violation de ce type. C’est ce qui ressort des comptes-rendus du pilote et des enregistrements du système radar », a réagi le porte-parole du commandement opérationnel des forces armées polonaises auprès de l’AFP.

« Il est possible qu’il s’agisse d’une provocation biélorusse, ce qui serait tout à fait logique. Nous analyserons la situation. Toutefois, les déclarations de la partie biélorusse doivent être prises avec une extrême prudence », a estimé Pawel Jablonski, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères; à l’antenne de la chaîne de télévision Polsat News.

Cet épisode est survenu alors que, au-delà d’autres contentieux, les relations de la Biélorussie avec ses voisins baltes et la Pologne sont particulièrement tendues, notamment depuis qu’elle a accueilli une partie des combattants du groupe paramilitaire russe Wagner.

« Il est très probable qu’ils [les combattants de Wagner] essaieront d’entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux, ce qui constitue une menace supplémentaire », avait ainsi prévenu le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, le 29 juillet dernier. Et de redouter des « actions hybrides », en particulier dans les environs du corridor stratégique de Suwalki, seul point d’accès des pays baltes au reste des pays de l’Otan et de l’Union européenne [UE].

D’ailleurs, le 28 août, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont appelé la Biélorussie à « expulser immédiatement » le groupe Wagner de son territoire… D’autant plus que, après la mort prématurée de son patron, Evguéni Prigojine, cette organisation paramilitaire va probablement passer – si ce n’est déjà le cas – sous la coupe du général Andreï Averianov, l’ex-chef de l’unité 29155 du GRU [renseignement militaire russe], connue pour avoir mené plusieurs opérations de déstabilisation et de subversion en Europe.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]