L’État-major des armées se dit prêt à répondre à « tout regain de tension » contre les emprises françaises au Niger

La semaine passée, accusant le gouvernement français de se livrer à des « agissements contraires aux intérêts du Niger », en raison notamment de son appui aux sanctions décidées contre elle par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [CÉDÉAO], laquelle a par ailleurs mis un option militaire sur la table, le junte désormais au pouvoir à Niamey a donné à l’ambassadeur de France, Sylvain Itté, quarante-huit heures pour quitter le pays.

Considérant les putschistes ayant déposé le président Mohamed Bazoum comme « illégitimes », la France a opposé une fin de non recevoir… Comme quand la junte avait annoncé sa décision de dénoncer les accords militaires passés entre Niamey et Paris…

Lors de la conférence des ambassadeurs, le 28 août, le président Macron a justifié la position française dans cette affaire. « On a dit que la France était trop engagée en soutien au président Bazoum. J’entends les gazettes, je lis les commentaires parfois des autres capitales. Mais on ferait quoi si un coup d’État comme ça se passait en Bulgarie ou en Roumanie? », a-t-il lancé.

« On a un homme intègre, démocratiquement élu, courageux […] parce que pour la première fois dans un tel cadre, il ne démissionne pas, au péril de sa vie […]. Et on nous explique que la bonne politique aujourd’hui, ce serait de le lâcher. Parce que c’est devenu à la mode. Parce qu’en fait, il faudrait produire local maintenant, même quand ce sont des putschistes. […] Non, on doit être clair, cohérent. Sinon, qui nous écoutera ? Dans quelle capitale africaine on peut dire qu’on a une politique de partenariat avec un dirigeant si quand il subit cela, on ne peut pas être en soutien ? Donc, je pense que notre politique est la bonne », a ensuite développé M. Macron.

Et cette politique, a-t-il poursuivi, « repose sur le courage du président Bazoum, sur l’engagement de nos diplomates, de notre ambassadeur sur le terrain, qui restent légitimes, malgré les pressions et malgré toutes les déclarations d’autorités grâce à l’engagement de nos forces de sécurité intérieure et de nos militaires ».

Sauf que les putschistes nigériens exercent de facto le pouvoir… Et que, légitimes ou pas, ils sont en position d’expulser l’ambassadeur d’un pays déclaré persona non grata comme n’importe quel citoyen étranger. Étant donné la réaction française après sa décision de retirer son agrément à M. Itté, la question était alors de savoir si la junte irait jusqu’au bout de sa logique. La réponse vient d’être donnée ce 31 août.

En effet, selon un courrier du ministère des Affaires Étrangères du Niger adressé au Quai d’Orsay, M. Itté ne peut plus prétendre à jouir de « privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France ». Par conséquent, ses « cartes diplomatiques et visas », ainsi que ceux de sa famille, ont été « annulés » et les services de police nigériens « sont instruits afin de procéder à son expulsion ».

Tant que le diplomate ne quitte pas l’ambassade de France à Niamey, les autorités nigériennes ne pourront rien contre lui… Mais il n’en reste pas moins que sa position n’est pas la plus confortable.

En attendant, à Paris, le porte-parole de l’État-major des armées [EMA], le colonel Pierre Gaudillière, a prévenu : « les forces françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui porterait atteinte aux emprises militaires et diplomatiques françaises au Niger » et des « dispositions ont été prises pour protéger ces emprises ».

Reste que la position des forces françaises au Niger [entre 1200 et 1500 militaires, avec des drones Reaper et des Mirage 2000D basés à Niamey] est de plus en plus intenable… La seule issue serait que la junte remette le pouvoir au président Bazoum. Ce qui a autant de chances d’arriver que de gagner deux fois le gros lot à la loterie nationale.

Photo : archive

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