Pour la première fois de son histoire, la marine indienne envoie un sous-marin en Australie

Tous les deux membres du QUAD [Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, c’est à dire une alliance destinée à contrer l’influence de la Chine dans la zone Indo-Pacifique, ndlr] avec le Japon et les États-Unis, l’Inde et l’Australie s’étaient mises d’accord pour renforcer leurs relations militaires en mars dernier.

« Le Premier ministre Modi et moi-même avons discuté de l’incertitude croissante en matière de sécurité à l’échelle mondiale et nous nous sommes engagés à renforcer le partenariat indo-australien dans la défense et la sécurité pour relever des défis communs et œuvrer en faveur d’une région indo-pacifique stable, ouverte et prospère », avait en effet affirmé Anthony Albanese, le chef du gouvernement australien. Il avait profité de l’occasion pour saluer « le partage d’information plus large en matière de défense », en particulier dans le domaine maritime.

Depuis, ces mots se sont traduits en actes, même si les forces indiennes n’ont pas pris part aux importantes manoeuvres « Talisman Sabre », que viennent d’organiser leurs homologues australiennes. Ainsi, en juillet, un avion de surveillance maritime Dornier 228 de l’Indian Navy ainsi qu’un appareil de transport C-130J Hercules de l’Indian Air Force [IAF] ont été déployés sur les îles Cocos [ou îles Keeling], lesquelles sont un territoire extérieur de l’Australie depuis 1984.

Et, le 20 août, pour la première fois de son histoire, la marine indienne a envoyé l’un de ses sous-marins, en l’occurrence l’INS Vagir, à Fremantle [Australie-Occidentale]. L’un de ses avions de patrouille maritime P-8I Poseidon est également attendu sur place afin de prendre part à des exercices de lutte anti-sous-marine « avancés » avec la Royal Australian Navy.

« Ce déploiement augmentera encore la coopération et la synergie » entre les deux forces navales, a fait valoir la marine indienne, pour qui la mission de l’INS Vagir « met en valeur sa capacité à mener des opérations soutenues à longue distance pendant des durées prolongées ». À noter que, avant de se rendre en Australie, ce sous-marin a fait une escale au Sri Lanka.

Construit par le chantier naval indien Mazagon Dock Shipbuilders Limited [MDL] grâce à des transferts de technologie consentis par l’industriel français Naval Group, l’INS Vagir est le cinquième sous-marin de type Kalvari/Scorpène sur les six attendus par l’Indian Navy [trois autres devraient cependant être bientôt commandés, ndlr]. Son admission au service actif a été officiellement prononcée le 23 janvier dernier. En Australie, il devrait se mesurer aux sous-marins de la classe Collins, de la RAN.

Ces derniers mois, la marine indienne a envoyé le sous-marin INS Sindhukesari [classe Kilo] en Indonésie, ce qui, pour elle, était également inédit.

Pour l’Inde, déployer des sous-marins loin de leur base est une façon de démontrer son aptitude à surveiller les détroits de La Sonde et de Lombok qui, explique une étude [.pdf] du Centre d’études stratégiques de la Marine nationale [CESM], constituent une alternative au détroit de Malacca, par lequel transite l’essentiel du trafic maritime vers l’Asie.

« La Chine est tributaire du détroit de Malacca pour ses approvisionnements de l’ordre de 100% du soja importé, 90% du pétrole, 40% du fer et 40% du gaz. Le volume du trafic pétrolier pour la Chine, le Japon, Taiwan et la Corée du Sud s’élèverait à 450 millions de tonnes par an », détaille l’étude.

Photo : Indian Navy

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]