L’Ukraine a entamé des discussions avec la Suède au sujet de la livraison d’avions de combat JAS-39 Gripen

Depuis le début de la guerre, et comme il lui est impossible de rivaliser avec son homologue russe sur un plan quantitatif, la force aérienne ukrainienne réclame avec insistance après de ses partenaires des avions de combat occidentaux, notamment américains.

« Nous avons besoin de plus d’avions de combat pour combattre nos ennemis dans les airs. Les avions américains F-16, F-15 voire F-18 permettraient de faire pencher la balance de notre côté. Nous avons un plan pour recycler nos pilotes et notre personnel technique aussi vite que possible. Pour que l’on puisse maîtriser de tels appareils rapidement, une décision doit être prise maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », avait-elle ainsi fait valoir en avril 2022.

D’abord réticents, les États-Unis ont fini par autoriser le transfert de F-16 à l’Ukraine, les appareils devant être fournis par des pays européens, dont les Pays-Bas et le Danemark. Cependant, les délais nécessaires pour la formation des pilotes et des techniciens ukrainiens font que ces avions ne seront pas opérationnels de sitôt. Le porte-parole de la force aérienne ukrainienne, le colonel Youriy Ihnat, l’a d’ailleurs récemment admis, en laissant entendre qu’ils ne le seraient pas avant le printemps prochain, au mieux.

Cela étant, et comme l’avait souligné une note du Royal United Services Institute, publiée en novembre 2022, le F-16 n’est pas l’appareil le plus approprié pour répondre aux besoins ukrainiens… au contraire du JAS-39 Gripen suédois. Et cela pour plusieurs raisons.

La première est que cet avion a été développé par Saab de manière à pouvoir être facilement mis en oeuvre depuis une autoroute, sa dépendance à l’égard des bases aériennes, toujours susceptibles d’être visées par des frappes ennemies, étant limitée. Ce qui fait que sa maintenance, simplifiée, n’exige qu’une formation technique minimale, au point qu’elle peut être assurée par des conscrits [mais sous la supervision, toutefois, d’un technicien expérimenté]. Et cela permet d’augmenter la fréquence des sorties aériennes. Qui plus est, le coût d’exploitation d’un Gripen est peu élevé par rapport à un F-16.

Le chasseur-bombardier suédois a d’autres avantages, comme celui de disposer d’une suite électronique développée justement pour contrer les avions de combat et les défenses aériennes russes. Enfin, il a la capacité d’emporter le missile air-air à très longue portée Meteor ainsi que de l’armement anti-navire.

Or, après avoir insisté pour obtenir des F-16 au cours de ces derniers mois, l’Ukraine s’intéresse désormais de très près au Gripen. C’est en effet ce qu’a indiqué le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, le 19 août, dans les environs de Stockholm.

Cependant, en mai, le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, avait évoqué la possibilité de permettre aux pilotes ukrainiens de « tester le Gripen ». Et pas seulement sur simulateur puisqu’une « telle initiative pourrait impliquer des vols d’essais », avait-il dit. Et d’ajouter : « Certaines décisions restent à prendre, tant du côté de l’Ukraine que de celui de la Suède ».

Visiblement, la réflexion a progressé depuis. « Des pilotes ukrainiens participent déjà à des essais d’avions de chasse ‘Gripen’. Nous avons discuté d’autres mesures pour les transférer en Ukraine », a en effet déclaré M. Zelensky, via X/Twitter.

À noter que, en juillet, la Suède et l’Ukraine ont signé des accords de défense, dont un sur le partage d’informations confidentielles… Ce qui était une condition préalable pour autoriser les pilotes ukrainiens à tester le Gripen.

Reste à voir où seront prélevés les Gripen si la décision d’en livrer à Kiev est confirmée. « La Suède n’est actuellement pas en mesure de fournir à l’Ukraine des avions de combat Gripen car elle n’en a pas assez », avait en effet prévenu M. Jonson.

Par ailleurs, MM. Zelensky et Kristersson sont convenus de « travailler sur la production conjointe de véhicules blindés [de combat d’infanterie] CV-90 en Ukraine ». Pour rappel, l’armée ukrainienne en a déjà reçu une cinquantaine d’exemplaires.

« Je suis si fier d’avoir enfin eu l’honneur d’accueillir le président
Zelensky en Suède. J’apprécie hautement nos contacts étroits et notre coopération. Le soutien de la Suède à la liberté, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine se poursuivra aussi longtemps qu’il le faudra », a commenté le Premier ministre suédois.

En attendant la possible cession de Gripen à Kiev, Stockholm a annoncé, le 15 août, le déblocage d’une nouvelle aide au profit des forces ukrainiennes. D’un montant de près de 290 millions d’euros, celle-ci prévoit la livraison de pièces détachées pour les CV-90 et le système d’artillerie Archer, des munitions ainsi que du matériel de déminage.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]