Un missile intercepteur tiré par une batterie Patriot taïwanaise a explosé avant d’atteindre sa cible

Durant l’opération « Tempête du désert », menée en 1991 pour libérer le Koweït alors occupé par l’Irak, le taux de réussite du système de défense aérienne américain Patriot fut loin d’être excellent : les chercheurs Theodore Postol [Massachusetts Institute of Technology] et Reuven Pedatzur [Université de Tel-Aviv] l’avaient estimé à moins de 10%.

Avec les progrès technologiques accomplis depuis, l’efficacité de ce système s’est considérablement améliorée. Au point de faire mouche à tous les coups, y compris contre des missiles hypersoniques comme le Kinjal russe? En tout cas, l’Ukraine le laisse entendre. Et c’est d’ailleurs son intérêt de le faire. Tout comme c’est celui de la Russie de prétendre le contraire.

Quoi qu’il en soit, si l’on se place d’un point de vue statistique, il est quasiment impossible à un système de défense aérienne d’afficher un taux de réussite de 100%. D’ailleurs, la force aérienne taïwanaise vient de le démontrer à ses dépens.

En effet, lors d’un exercice mené le 15 août avec des munitions réelles, l’un des missiles intercepteurs MIM-104F tirés par une batterie Patriot PAC-3 a explosé avant d’atteindre la cible qui lui avait été désignée. D’abord révélée par la presse locale, cette information a été confirmée par le général Tsao Chin-ping, le chef d’état-major de la force aérienne taïwanaise, lors d’un point de presse.

« C’est la première fois qu’un missile Patriot acheté aux États-Unis a explosé de lui-même avant d’atteindre sa cible », a relevé le quotidien Taipei Times. Ce dernier a aussi précisé que de tels exercices avec des batteries Patriot ont lieu tous les deux ans.

Une enquête a été ouverte par la force aérienne taïwanaise et l’Institut national des sciences et technologies Chung-Shan pour déterminer les causes de cet échec.

Pour rappel, avec le système Patriot, une cible est détectée par le radar AN/MPQ-65 [ou AN/MPQ-65A]. Puis, si l’ordre de tir est donné, deux missiles sont lancés avec un léger décalage afin d’augmenter les chances d’interception du missile ou de l’aéronef hostile. Les MIM-104F utilisent un radar actif afin de fondre sur leur objectif dès qu’ils le détectent. Et leur trajectoire est évidemment ajustée en permanence.

Par ailleurs, le 9 août, un F-16V de la force aérienne taïwanaise a failli couler malencontreusement un patrouilleur de la garde côtière [CGA], après… avoir manqué sa cible avec une bombe Mk-84. La munition a provoqué une onde de choc qui a fait tanguer le navire des gardes-côtes.

Aussi, le général Tsao a présenté ses excuses à la CGA et assuré que le pilote du F-16V serait puni, de même que son instructeur, ce dernier se voyant reprocher de ne pas avoir « correctement supervisé » l’exercice.

Photo : archive

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