Les forces armées allemandes restent confrontées à de gros problèmes de recrutement

Comme beaucoup de leurs homologues occidentales, les forces armées allemandes [Bundeswehr] peinent à recruter et à garder ses recrues… alors qu’elles doivent porter leurs effectifs à un total de 203’000 militaires d’ici 2031, contre 180’000 actuellement. Tel est en effet le constat dressé par Boris Pistorius, le ministre de la Défense, lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de la visite d’un centre de recrutement à Stuttgart, ce 2 août.

En réalité, la Bundeswehr n’arrive pas à inverser une tendance qui dure depuis des années… et qui s’aggrave puisque, selon les chiffres donnés par M. Pistorius, le nombre de candidats a chuté de 7% entre janvier et mai 2023 par rapport à l’année précédente, à pareille époque. Et 30% des recrues dénoncent leur contrat avant la fin de leur formation militaire initiale.

Par ailleurs, le « vivier » de recrutement va se rétrécir dans les années à venir. « D’ici à 2050, il y aura 12% de personnes en moins dans la classe d’âge des 15-24 ans », a prévenu le ministre allemand de la Défense.

En outre, et en dehors des services médicaux, le taux de féminisation de la Bundeswehr n’atteint que 10%. « C’est trop peu et cela ne correspond pas à la prétention de la Bundeswehr d’être une armée citoyenne », a-il dit. Ce constat vaut aussi pour les personnes issues de l’immigration que « nous ne recrutons pas actuellement pour diverses raisons », a-t-il ajouté. Aussi, « il faut redoubler d’efforts » en leur endroit, a estimé M. Pistorius.

Cela étant, le tableau n’est pas totalement noir. Car si le nombre de candidats à un engagement a baissé, celui des demandes de renseignements [ou de conseils] a… augmenté de 16%. Aussi, l’une des pistes évoquées par le ministre allemand est d’accélérer le processus de recrutement… tout en soignant les campagnes de communication de la Bundeswehr, celles-ci devant donner une image « réaliste » de la vie militaire et non plus se résumer à de « petits films style Mission Impossible […] comme à Hollywood ». Une telle approche viserait aussi à faire baisser le taux de dénonciation de contrat.

Enfin, M. Pistorius a insisté sur le nécessaire « équilibre entre vie professionnelle et vie privée », qu’il a jugé « décisif ». « Nous devons dire [aux jeunes recrues] comment concilier famille et service », a-t-il dit.

Cependant, et au-delà de celles évoquées par le ministre, d’autes raisons peuvent expliquer ces soucis de recrutement, à commencer par le « pacifisme » [voire l’antimilitarisme] revendiqué par une partie de la société allemande. Ainsi, par exemple, en juin dernier, la Bundeswehr s’est vue interdire de faire la moindre publicité dans les lycées du Bade-Wurtenberg. Ce qui a d’ailleurs été dénoncé par Eva Högl, la commissaire parlementaire auprès des Forces armées.

Un autre élément pouvant expliquer de telles difficultés à trouver des recrues tient sans doute aux difficultés de la Bundeswehr en matière d’équipements.

Reste que la tendance observée en Allemagne risque d’affecter aussi les forces françaises. Si la fréquentation de leurs centres de recrutement [CIRFA] a augmenté de 40% en 2022, entre 1500 et 2000 postes risquent de ne pas être pourvus d’ici la fin de cette année, selon des informations révélées par Europe1 le 20 juillet dernier. « La ressource humaine sera le sujet majeur des prochaines années », a résumé l’un de ses interlocuteurs au ministère des Armées.

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