L’exercice Orion a rappelé « l’extrême brutalité du combat naval », selon l’amiral Vandier

Après Polaris 21, qui reposait sur un scénario de « guerre complète entre deux forces symétriques déployées dans un affrontement de haute intensité » et au cours duquel sept ou huit bateaux avaient été [fictivement] neutralisés ou coulés, l’exercice interarmées et interalliés Orion, qui s’est terminé en mai dernier, aura été une autre piqûre de rappel pour la Marine nationale. C’est en effet ce qu’a expliqué l’amiral Pierre Vandier, son chef d’état-major [CEMM], lors d’une audition au Sénat [celle-ci a eu lieu le 31 mai mais son compte rendu vient d’être publié, ndlr].

L’exercice Orion a compté quatre phases. Lors de la seconde, vingt-six navires de surface ont été mobilisés, dont sept frégates de la Marine nationale, sept frégates alliées, deux porte-avions, quarante-huit aéronefs et deux sous-marins. Les forces navales britanniques, américaines, espagnoles, allemandes, néerlandaises, italiennes et grecques y ont pris part. « L’objectif était de mettre en oeuvre des forces navales opposées en préalable à une opération de débarquement » et « l’ensemble des domaines de conflictualité, ainsi que le volet logistique ont été pris en compte », a précisé l’amiral Vandier.

Pour la quatrième phase, la Marine nationale a engagé des aéronefs ainsi qu’une frégate multi-missions [FREMM] afin d’apporter une « capacité supplémentaire de frappe contre terre avec Missile de croisière naval ».

Un aperçu de la nature de ces manoeuvres fut donné par la Marine en mars dernier. Ainsi, l’une des séquences avait consisté à simuler un tir de missile par un aéronef hostile sur une FREMM naviguant à quelques dizaines de nautiques de Toulon. Dans le même temps, un Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] se trouvant à proximité devait être touché [fictivement par une roquette non explosée ayant provoqué une voie d’eau.

Lors de son audition au Sénat, l’amiral Vandier a expliqué qu’une autre séquence s’était soldée par la destruction [évidemment fictive] d’une frégate pourtant « cachée au nord des îles du Frioul et qui n’était donc pas attaquable avec des missiles antinavires » lors d’un raid de commandos dotés de « missiles de l’armée de Terre » [des Akeron MP?].

Ainsi, a-t-il dit, « nous avons donc appris que, même cachés au milieu des îles, nous n’étions pas à l’abri ». Et d’ajouter : « C’était d’ailleurs l’une des leçons de la guerre des Malouines : une frégate anglaise avait alors été touchée par surprise par un Exocet côtier ». Il aurait pu également citer le cas du croiseur russe Moskva, coulé par des missiles anti-navires ukrainiens R-360 Neptune.

« Nous en tirons comme enseignement le retour de l’extrême brutalité du combat naval. Les conflits navals symétriques sont très violents. […] Pour gagner, il faut être extrêmement réactif et avoir l’esprit à l’offensive. Pendant des années, on a profité de la haute mer en considérant que la zone était à faible risque. La portée et la précision des armes nous obligent aujourd’hui à être sur le qui-vive », a résumé l’amiral Vandier, par ailleurs récemment nommé major-général des armées [MGA]. « Notre principal retour d’expérience est que la pugnacité paie. Nous avons pu inventer des modes d’action performants et agiles », a-t-il aussi fait valoir.

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