L’Otan demande à la Chine de faire des « efforts de transparence » sur ses capacités nucléaires

Dans son dernier concept stratégique publié lors du sommet de Madrid, en juin 2022, l’Otan n’a pas seulement décrit la Russie comme étant la « menace la plus importante et la plus directe pour […] la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique ». Elle a aussi dénoncé les « politiques coercitives » menées par la Chine, ainsi que le « flou » autour de sa stratégie, de ses intentions et du renforcement de son dispositif militaire. Et de souligner que « ses opérations hybrides ou cyber malveillantes, sa rhétorique hostile et ses activités de désinformation prennent les Alliés pour cible et portent atteinte à la sécurité de l’Alliance ».

Cela étant, la déclaration finale du sommet de Madrid n’avait mentionné la Chine [ou la RPC, pour « République populaire de Chine »] qu’une seule fois. Et c’était pour la ranger parmi les « compétiteurs systémiques » qui « cherchent à fragiliser l’ordre international fondé sur des règles. » De toute façon, l’essentiel avait été dit dans le concept stratégique 2022 de l’Otan.

Un an plus tard, à l’occasion du sommet qui réunit ses 31 membres à Vilnius [Lituanie], l’Otan a durci le ton à l’égard de Pékin. Du moins en apparence… car le communiqué publié par les chefs d’État et de gouvernement à l’issue de la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord du 11 juillet reprend mot à mot les passages du concept stratégique concernant la Chine. À deux grosses différences près.

En effet, le texte dénonce le « renforcement du partenariat stratégique » entre le Chine et la Russie, ainsi que leurs « tentatives » visant à « déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles ». Ce qui va « à l’encontre [des] valeurs et [des] intérêts » des membres de l’Otan.

« Nous appelons la Chine à jouer un rôle constructif, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à condamner la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, à s’abstenir de soutenir d’une quelconque manière l’effort de guerre russe, à cesser de se faire l’écho du discours mensonger de la Russie selon lequel l’Ukraine et l’Otan seraient responsables de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, et à adhérer aux buts et principes de la Charte des Nations unies », insistent les signataires de ce communiqué.

Cela étant, un autre point, qui n’avait pas été cité lors du sommet de Madrid, fait désormais l’objet d’une attention particulière. En effet, le renforcement continu des capacités nucléaires chinoises interroge désormais.

La Chine est « en train de développer et de diversifier son arsenal nucléaire à un rythme soutenu, se dotant d’un plus grand nombre d’ogives et de vecteurs sophistiqués pour établir une triade nucléaire, sans véritables efforts de transparence et sans chercher, de bonne foi, à parvenir à une maîtrise des armements ni à une réduction des risques nucléaires », soulignent les chefs d’État et de gouvernement de l’Otan.

Et ceux-ci d’ajouter : « Nous nous opposons à toute tentative de production ou d’aide à la production de plutonium à des fins militaires sous le couvert d’un programme civil, car cela va à l’encontre des objectifs du TNP [Traité de non prolifération, ndlr] » et « nous demandons instamment à la [Chine] de participer aux débats sur la réduction des risques stratégiques » ainsi que « d’œuvrer à la stabilité en faisant preuve de davantage de transparence concernant ses politiques, plans et capacités en matière d’armement nucléaire ».

Selon les données du Stockholm International Peace Research Institute [SIPRI], lesquelles corroborent celles du Pentagone, la taille de l’arsenal nucléaire chinois a progressé de plus 40% en quatre ans, avec désormais 410 armes nucléaires [contre 290 en 2019, ndlr].

Dans le même temps, l’Armée populaire de libération a fait construire plusieurs centaines de silos destinés probablement à abriter des missiles balistiques intercontinentaux DF-41 et DF-31AG. À cela s’ajoute l’expansion de la flotte chinoise de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de type 096… Seule sa flotte de bombardiers stratégiques, composée de vieux H-6, semble en retrait pour le moment. Cependant, un nouvel appareil, le Xian H-20, est en cours de développement.

Par ailleurs, la référence à la production de plutonium dans le communiqué de l’Otan vise sans doute les deux réacteurs nucléaires appelés « China Fast Reactor 600 » implantés sur l’île Changbiao [province du Fujian]. Censés produire d’importantes quantités de plutonium, ils sont soupçonnés, sous couvert d’activités civiles, d’alimenter le programme militaire chinois.

Actuellement, la doctrine de la Chine repose sur trois concepts : la stricte suffisance, la défense effective et la contre-attaque contre les sites stratégiques de l’adversaire. Aussi, le renforcement de son arsenal suggère un changement d’approche en la matière.

Cela étant, dans leur communiqué, les membres de l’Otan assurent être « disposés à interagir » avec la Chine de « façon constructive, notamment au profit d’une plus grande transparence mutuelle, l’objectif étant de protéger les intérêts de sécurité de l’Alliance ».

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