Le ministère des Armées finance une capacité spatiale de renseignement électromagnétique « innovante »

Selon le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de l’Air & de l’Espace mettra en oeuvre le satellite CELESTE [Capacité ELEctromagnétique SpaTiaLE] à partir de 2029. Celui-ci remplacera les trois engins de la constellation CERES [CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale] qui, positionnés en « triangle » à environ 700 km d’altitude, collectent actuellement des données sur les émetteurs [radars, antennes, télécommunications].

Cela étant, devant les députés, le chef d’état-major de l’AAE, le général Stéphane Mille, a admis qu’un report des programmes CELESTE et IRIS [dédié au renseignement d’origine image, ndlr] avait été envisagé lors de l’élaboration du projet de LPM. Celle-ci « suppose un choix entre des priorités. La décision de [leur] maintien illustre la priorité donnée à l’espace », a-t-il dit.

Mais ces capacités en matière de renseignement pourront être complétées par d’autres systèmes, plus légers et permettant une plus grande flexibilité.

Ainsi, en octobre dernier, par l’intermédiaire du Centre nationale d’études spatiales [CNES], l’Agence de l’innovation de Défense [AID] a lancé l’appel à projets FLORE [pour Flight Demonstration of RoEm] en vue de développer et de tester un « démonstrateur de service d’observation du spectre radioélectrique depuis l’espace sur petites plateformes », l’objectif étant d’évaluer la viabilité et les performances d’une telle capacité.

Plus de six mois après, l’AID a indiqué avoir retenu la solution proposée par le tandem formé par les entreprises Unseenlabs et U-Space parmi les quatre qu’elle avait reçues dans le cadre de cet appel à projets.

Dans le détail, spécialiste de la détection et de la caractérisation des émissions électromagnétiques des systèmes électroniques installés à bord des bateaux, Unseenlabs sera chargé de la mise au point de la charge utile qu’emportera le micro-satellite fourni par U-Space.

La solution soumise par ces deux entreprises a été retenue pour au moins trois raisons. Ainsi, explique l’AID, l’architecture système est « particulièrement moderne » et se « caractérise par une modularité matérielle et logicielle à bord comme au sol » ainsi que par une « sécurité de bout en bout, tout en restant compatible avec plusieurs lanceurs ». Ensuite, le système proposé est constitué d’un seul satellite… alors que, normalement, il en aurait fallu trois, comme pour la constellation CERES. Enfin, il « s’agit d’une fourniture de service dans un domaine généralement dédié aux capacités patrimoniales ».

Le système proposé par Unseenlabs et U-Space devra non seulement permettre d’analyser les signaux de communication mais aussi de localiser « à la surface de la Terre des émetteurs en vue de fournir les résultats aux utilisateurs via une interface sécurisée ». Et cela pourra éventuellement concerner les émissions radar.

L’AID n’a pas précisé l’échéancier de ce programme. Cependant, selon l’appel à projets diffusé par le CNES, il était précisé que la « mise en place » du service devait être effectuée « sous trois ans maximum à compter de la date de notification du marché avec une durée probatoire de 2 ans minimum ».

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