Ankara a refusé une demande américaine de livrer ses systèmes russes de défense aérienne S-400 à Kiev

Pour avoir acquis [pour 2,5 milliards de dollars] et mis en service le système de défense aérienne russe S-400 « Triumph », la Turquie, membre de l’Otan, a subi les rigueurs de la loi américaine CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], laquelle prévoit des sanctions en cas de liens commerciaux avec la Russie en matière d’équipements militaires. En outre, elle a été exclue par l’administration Trump du programme d’avion de combat de 5e génération F-35, alors que son industrie y était impliquée et qu’elle en attendait cent exemplaires.

Pour les États-Unis, l’utilisation de ces S-400 par les forces turques posait des problèmes de compatibilité avec les systèmes utilisés par l’Otan et pouvait donner des renseignements sur les capacités du F-35 à la Russie… De son côté, la Turquie fit valoir que d’autres alliés, comme la Slovaquie et la Grèce, disposaient également de batteries de défense aérienne de conception russe [des S-300 en l’occurrence] et qu’elle était prête à créer une commission pour trouver une issue à ce dossier.

La guerre en Ukraine pouvait justement offrir une porte de sortie… Alors que la Slovaquie a cédé sa batterie S-300 aux forces ukrainiennes, les États-Unis ont suggéré à la Turquie d’en faire autant avec ces systèmes S-400. A priori, et selon Mevlut Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque, ils seraient même allés plus loin en demandant un accès à ces S-400…

« Ils [les États-Unis] nous ont fait des propositions qui concernaient directement notre souveraienté, comme leur en céder le contrôle […] Où est notre indépendance, notre souveraineté », a en effet déclaré M. Cavusoglu, cité par l’agence de presse Anadolu. Ils « nous ont aussi demandé d’envoyer le S-400 en Ukraine et nous avons refusé », a-t-il ajouté.

Quant au programme F-35, M. Cavusoglu a exclu un retour de la Turquie. En revanche, a-t-il continué, il est question de « récupérer l’argent investi » par Ankara pour des avions qui n’ont jamais été livrés. Par ailleurs, la priorité de l’état-major turc va désormais à l’avion de combat de nouvelle génération TF-X « Kaan », dont le premier vol est prévu cette année.

Cependant, l’acquisition de 40 F-16 Viper et de 79 kits de modernisation pour les appareils de ce type d’ancienne génération actuellement en service au sein des forces aériennes turques est toujours d’actualité… alors qu’Ankara a récemment donné son feu veut au programme ÖZGÜR, lequel prévoit de moderniser ses F-16 block 40/50 en les dotant d’un radar à antenne active MURAD AESA. « La Turquie souhaite améliorer ses relations avec les États-Unis et que les mécanismes nécessaires ont mis en place à cette fin », a dit M. Cavusoglu.

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