Les armées vont récupérer une capacité de renseignement électronique aéroportée avec le contrat Solar

Le retrait des deux Transall C-160G « Gabriel » de l’Escadron 1/54 Dunkerque sans attendre l’arrivée de leurs successeurs [trois Falcon « Archange », ndlr] a privé l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et, surtout, la Direction du renseignement militaire [DRM] d’une capacité aéroportée de collecte du renseignement d’origine électro-magnétique [ROEM] au moment où celle-ci allait être essentielle, dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Cela étant, en matière de ROEM, l’AAE n’est pas totalement démunie pour continuer à alimenter la DRM : elle peut compter sur les nacelles ASTAC [Analyseur de Signaux TACtiques] des Mirage 2000D, deux avions légers de surveillance et de renseignement [ALSR] « VADOR » [Vecteur aéroporté de désignation, d’observation et de reconnaissance], la suite MSE [Mesures de soutien électronique] des quatre E-3F AWACS ainsi que les trois satellites de la constellation CERES [Capacité d’écoute et de renseignement électromagnétique spatiale], mis en orbite en novembre 2021. Enfin, ses drones MQ-9 Reaper seront bientôt en mesure d’emporter une charge « ROEM ».

Quoi qu’il en soit, la décision de retirer du service les deux « Gabriel » a été assumée par le général Frédéric Parisot, le numéro deux de l’AAE. « Je suis le responsable de l’arrêt des Transall ‘Gabriel’ et je l’assume : dix Transall nous coûtaient plus de 80 millions d’euros par an, pour une disponibilité de 20 %. Plutôt que de faire des coupes ailleurs, j’ai choisi de les retirer du service », avait-il en effet déclaré lors d’une audition parlementaire, en juillet 2022.

Seulement, les besoins en matière de renseignement électromagnétique restent importants, surtout dans le contexte actuel, où les menaces s’empilent les unes sur les autres… En outre, dans l’attente de l’arrivée des trois Falcon Archange, il faut maintenir les savoir-faire des spécialistes de l’escadron 1/54 Dunkerque… D’où la nécessité de trouver une solution intérimaire.

Et cela d’autant plus que la mise en service du Falcon Archange ne sera pas prononcée d’ici 2028… Alors qu’elle était annoncée pour 2026. C’est en effet ce qu’a indiqué le général Jacques Langlade de Montgros, le « patron » de la DRM, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

« S’agissant de ce programme [Archange], trois vecteurs sont prévus à l’horizon de 2030, avec une première livraison en 2028 », a-t-il en effet déclaré.

« Archange est une capacité de renseignement d’origine électromagnétique aéroportée qui succédera aux avions Transall C-160 Gabriel, dont le retrait a été décidé en 2022. Une mesure de réduction de cette perte temporaire de capacité a été prise par l’armée de l’Air [& de l’Espace] », a rappelé le général Langlade de Montgros.

Et celui-ci de préciser qu’elle sera compensée par « le contrat SOLAR », lequel « permettra ainsi, pendant la période 2024-2028, de bénéficier d’une capacité de renseignement d’origine électromagnétique aéroportée, dans l’attente de l’arrivée des Archange ».

Le directeur du renseignement militaire n’a pas livré de détails supplémentaires au sujet de ce contrat SOLAR. A priori, et selon ce qui avait été envisagé l’an passé par le général Parisot, il consisterait à louer un avion de type Saab 340, doté de capteurs de nouvelle génération. « Sa location nous permettra d’en changer rapidement auprès du prestataire [qu’il n’a pas identifié] si des capteurs de meilleure qualité arrivent sur le marché, ce qui est très important », avait-il dit.

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