La conversion des trois A330-200 de l’AAE en avions ravitailleurs « Phénix » coûtera 490 millions d’euros

Initialement, il était question de doter l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] de quatorze avions ravitailleurs A330 MRTT, afin de remplacer ses vieux C-135FR, acquis dans les années 1960 auprès de Boeing. Puis cet objectif fut réduit à douze exemplaires dans le cadre de la Loi de programmation militaire [LPM] 2014-19. Et, en octobre 2014, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, confirma la notification d’un contrat-cadre d’une valeur d’environ 3 milliards d’euros à Airbus.

Finalement, lors de l’élaboration de la LPM suivante [2019-25], il s’avéra que les douze A330 MRTT « Phénix » commandés allait être insuffisants. D’autant plus qu’il était aussi question de remplacer les les A340 et A310 de l’escadron Estérel. Aussi, il fut décidé d’en acquérir trois de plus afin de porter la dotation de l’AAE à 15 exemplaires.

En juin 2020, à la faveur du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, alors impactée par la crise du covid-19, le ministère des Armées fit part de son intention de se procurer trois A330-200 [dont deux d’occasion] pour ensuite les transformer en avions ravitailleurs. Le contrat, d’un montant de 200 millions, fut notifié par la Direction générale de l’armement [DGA] à Airbus en août de cette année-là.

Après avoir été remis en état, les deux premiers A330-200 d’occasion furent rapidement remis à l’AAE. Bien qu’ayant été livrés en 2015 et en 2017 à la compagnie aérienne Avianca, ces appareils n’avaient que très peu volé. Quant au troisième, il fut mis en service en novembre 2022. Restait alors les transformer en A330 MRTT… Ce qui était prévu pour 2026.

Lors de son déplacement sur la base aérienne [BA] 125 d’Istres, la semaine passée, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a évoqué ce programme. Et, a priori, et même si le projet de LPM 2024-30 ne le précise pas, la conversion de ces trois A330 en avions-ravitailleur devrait être réalisée avec un an d’avance… pour un coût de 490 millions d’euros.

« Pour le capacitaire, 490 millions d’euros seront alloués avec notamment la conversion de 3 A330-200 et A330 MRTT permettant de disposer à l’horizon 2025 d’une flotte de 15 ravitailleurs », est-il en effet précisé dans un communiqué publié le 1er mai par le ministère des Armées.

Cette opération est une bonne affaire. Ainsi, l’AAE disposera de trois A330 MRTT supplémentaires pour 690 millions d’euros… alors que le prix unitaire d’un tel appareil avoisine les 265 millions d’euros [c’est en effet la somme dont s’acquittera la Belgique pour un avion de ce type].

Par ailleurs, M. Lecornu a indiqué que, dans le cadre de la prochaine LPM, la BA 125 bénéficerait de 202 millions d’euros d’investissements pour la construction d’un bâtiment d’hébergement destiné aux militaires en transit et d’un terminal passager… dont la première pierre a été posée en juin 2022. Ce chantier doit être terminé cette année.

Pour rappel, avec ses 15 A330 MRTT, la base d’Istres sera le « point central de projection des passagers militaires et de fret au profit du Ministère des Armées », avec un flux de 100’000 passagers par an.

Enfin, le communiqué du ministère des Armées se termine par une note un peu suprenante… En effet, grâce aux 3,9 milliards d’euros d’investissements prévus pour les forces armées implantées dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, il rapporte que M. Lecornu a anoncé « vouloir faire du Port de Toulon l’un des plus grands ports militaires du monde ». Ce qu’il est déjà… puisqu’il est le plus important d’Europe. En réalité, la base navale varoise va devoir moderniser ses infrastructures pour accueillir les six sous-marins nucléaires d’attaque de type Suffren… et le porte-avions de nouvelle génération [PANG], qui aura besoin d’une cale sèche à sa mesure.

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