L’armée de l’Air et de l’Espace préfère louer plutôt qu’acheter des avions légers de renseignement

La Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoyait de doter l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] de huit avions légers de surveillance et de renseignement [ALSR, encore appelés VADOR] à l’horizon 2030. Actuellement, deux appareils de ce type sont exploités par l’Escadron électronique aéroporté 1/54 Dunkerque, depuis la base aérienne 105 d’Évreux. Un troisième exemplaire a été commandé dans le cadre du plan gouvernemental de soutien à la filière aéronautique, dévoilé en juin 2020.

Pour rappel, l’acquisition de deux ALSR « VADOR » avait été confirmée par la LPM 2014-19. Et elle avait été notifiée en 2016 par la Direction générale de l’armement [DGA] à Thales ainsi qu’à Sabena Technics. La commande prévoyait également la livraison de stations au sol pour la préparation des missions et le recueil des données collectées.

Le développement du VADOR, censé reposer sur un bimoteur Beechcraft King Air 350 doté de capteurs dédiés au renseignement d’origine image [ROIM] et électromagnétique [ROEM], a pris deux ans de plus que prévu… De même que leur qualification opérationnelle, en raison de la nécessité de remplacer leur boule optronique Star Saphire [de l’américain Teledyne] par une Wescam MX-20.

Par ailleurs, il était question de localiser la flotte de VADOR sur la BA 709 de Cognac, afin de les intégrer à la 33e Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque [ESRA], laquelle met en oeuvre les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper Block 5, bientôt dotés d’une capacité de collecte du renseignement d’origine électromagnétique. Ce mouvement est-il encore d’actualité? [il l’était encore, le 4 avril dernier…].

En effet, selon le rapport mis en annexe du projet de LPM 2024-30, l’AAE ne disposera pas de huit VADOR à l’horizon 2030 comme prévu… mais de seulement trois, alors que les besoins en capacités de collecte du renseignement iront crescendo… Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, son chef d’état-major [CEMAAE], le général Stéphane Mille, en a donné les raisons.

« Ayant été en poste en CPCO [centre de planification et de conduite des opérations] et comme sous-chef opérations, j’ai utilisé l’ALSR de manière opérationnelle. Il s’agit d’un bimoteur […] avec deux pilotes et quatre personnes en tranche arrière pour faire fonctionner les systèmes », a d’abord rappelé le général Mille.

Seulement, a-t-il continué, « à l’usage, on s’est rendu compte qu’on avait du mal à faire progresser les capacités de l’ALSR patrimonial et que la location n’était finalement pas une mauvaise solution pour avoir un système au dernier niveau de capacité. C’est malheureux mais c’est ainsi : il faut être pragmatique et réaliste ».

Pour autant, a poursuivi le CEMAAE, et « bien que leur système interne soit plus ancien », les VADOR déjà acquis seront conservés « à des fins de souplesse et d’efficacité ».

« En effet, notre contrat de location nous offre trois options : l’avion avec les équipages et la tranche arrière, sans la tranche arrière, sans aucun personnel à bord. Ainsi, selon les missions, le personnel peut être entièrement militaire ou loué avec l’appareil », a ensuite expliqué le général Mille. A priori, l’AAE louerait de tels appareils auprès de la société CAE Aviation.

Cependant, et devant la même commission parlementaire, le Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE], Bernard Émié, s’est montré plus réservé sur les « avantages » qu’apporterait la location d’avions dédiés au renseignement.

« Le Service dispose de ses propres avions qu’il loue, ce qui ne va pas sans poser de problèmes », a-t-il en effet déclaré. « À ce stade, il possède les capacités et l’autonomie nécessaires pour répondre aux sollicitations » et « de temps en temps, nous pouvons faire appel à des appareils des forces spéciales pour observer un théâtre tactique dans une zone où nous agissons de manière coordonnée », a-t-il ajouté.

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