Un RC-135 Constant Phoenix américain a cherché des particules radioactives dans l’espace aérien de la Baltique

En février 2017, et pour la première fois depuis la catastrophe de Tchernobyl [avril 1986], l’US Air Force envoya en Europe l’un de ses avions RC-135 Constant Phoenix, spécialisé dans la recherche de particules radioactives. À l’époque, certains y virent un lien avec la présence d’un taux anormalement élevé d’iode 131 [un radionucléide d’origine artificielle] dans l’atmosphère de plusieurs pays d’Europe du Nord.

Mais une autre hypothèse fut avancée : ce déploiement aurait eu lien avec un essai du missile à propulsion nucléaire « Buresvetnik » [SSC-X-9 Skyfall], dont le président russe, Vladimir Poutine, révéla l’existence en mars 2018.

Pour autant, quand un accident nucléaire eut lieu à Nyonoksa [Oblast d’Arkhangelsk], sur une plateforme maritime relevant de la Flotte russe du Nord, l’US Air Force se garda de déployer un RC-135 Constant Phoenix en Europe [et plus précisément au Royaume-Uni]… alors que certains avancèrent que cet incident était lié à un essai du moteur destiné au Buresvetnik [une hypothèse cependant jugée peu crédible par d’autres].

Il fallut attendre l’été 2021 pour voir à nouveau un RC-135 Constant Phoenix voler dans les cieux européens, soit à un moment où, selon l’imagerie satellitaire, la Russie s’apprêtait à effectuer un nouvel essai du Buresvetnik depuis un site de lancement « situé près du cercle polaire arctique ». Du moins était-ce la conclusion du James Martin Center for Nonproliferation Studies.

À l’époque, le RC-135 Constant Phoenix [indicatif Jake 21] assura plusieurs missions au début du mois d’août, en survolant la mer Noire, la mer Baltique, la mer de Norvège, la mer de Barents et la Méditerranée.

L’un de ces vols – celui effectué dans la région de la Baltique – avait attiré l’attention en raison de son profil atypique. Rejoint par un avion de veille radar et de renseignement suédois Saab S100D Argus, l’appareil de l’US Air Force s’était attardé au large de l’île de Gotland, non loin de l’enclave russe de Kaliningrad, en volant à l’altitude de seulement 5’550 pieds [soit 1’700 mètres], ce qui était inhabituel pour détecter des particules radioactives.

Encore une fois, les missions réalisées par « Jake 21 » interrogèrent… S’agissait-il d’étalonner ses appareils de mesures? D’expérimenter de nouveaux capteurs? De repérer un sous-marin nucléaire russe? Ou bien fallait-il y voir un lien avec le missile « Buresvetnik »? La dernière hypothèse ne manquait alors pas de partisans… Et le vol au-dessus de la Baltique pouvait s’expliquer par des conditions météorologiques favorables, les vents ayant pu « pousser » des particules radioactives depuis la mer Blanche.

Quoi qu’il en soit, et après un autre déploiement sur le Vieux Continent en 2022 [sous l’indicatif Atom 01] peu avant le début de la guerre en Ukraine, un RC-135 Constant Phoenix [indicatif Jake 21] a de nouveau pris ses quartiers sur la base aérienne de Mildenhall depuis le 13 avril. Et quatre jours plus tard, selon les données livrées par les sites de suivi du trafic aérien, il a été repéré au-dessus de la mer de Barents, à une atitude de seulement 1800 mètres. C’est à dire au nord du centre d’essai de Nyonotska.

Puis, le 21 avril, l’avion de l’US Air Force a réalisé une nouvelle sortie au-dessus de la mer Baltique [et donc au sud de Nyonotska]. Et le profil de sa mission a pratiquement été le même que celle effectuée en août 2021, avec, plusieurs allers retours au entre l’île de Götland et les côtes lettones. Un Saab S100D Argus suédois a également été repéré à proximité de l’appareil américain, qui, a volé à 5500 pieds d’altitude par moment.

Capture d’écran effectuée le 21/04/2023 – source : Flight Radar 24

Comme il y a près de deux ans, aucune précision n’a été donnée au sujet de la nature de ces vols… Mais il serait tentant d’y voir encore un lien avec le missile Buresvetnik, voire avec la torpille dronisée à capacité nucléaire Poséidon, emportée par le sous-marin K-329 Belgorod, lequel est censé effectuer des essais en mer de Barents [du moins était-ce le cas pour la mission effectuée par le Constant Phoenix le 17 avril].

Dans son rapport annuel « Focus 2023 » récemment publié, le renseignement militaire norvégien a indiqué que la Russie « continuera […] de développer le système de torpilles autonones Poseidon, qui pourrait être testé dans l’océan Arctoqie dans le courant de l’année 2023 » et que les « essais du missile de croisière Skyfall se poursuivront également » [ce qui confirme, en creux, que plusieurs ont été effectués].

« Ce missile est développé pour être à propulsion nucléaire, avec une très longue portée et une meilleure capacité à déjouer les systèmes de défense antimissile. Des tests supplémentaires à la Nouvelle-Zemble sont attendus », est-il avancé dans ce document.

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