L’Irlande s’interroge sur le comportement de trois navires russes dans sa zone économique exclusive

En août 2021, mis en oeuvre par la Direction principale de la recherche en eaux profondes [GUGI] de la marine russe, le navire espion Yantar s’était longuement attardé au large de l’Irlande, en particulier près de câbles de télécommunications reliant l’Amérique du Nord à l’Europe. Aussi, son comportement avait été décrit comme « hautement suspect » par Dublin.

Comme d’ailleurs celui de trois autres navires russes, récemment repérés dans la zone économique exclusive [ZEE] irlandaise, plus précisément dans un secteur abritant plus d’une douzaine de câbles sous-marins reliant l’Irlande et le Royaume-Uni au reste du monde.

Ainsi, à partir du 20 mars, et selon les données de suivi du trafic maritime obtenues grâce au Système d’identification automatique [AIS], le navire de construction offshore Fortuna, connu pour avoir pris part au chantier du gazoduc NordStream2, a effectué une série de boucles, en naviguant à la vitesse de cinq noeuds, au large des côtes ouest et sud-ouest de l’Irlande, en compagnie de l’Umka, un bâtiment de ravitaillement offshore, et du Bakhtemir, spécialisé dans les opérations de sauvetage.

Ne pouvant, faute d’équipage, envoyer un patrouilleur à la rencontre de ces trois navires – civils – russes, la défense irlandaise a sollicité l’Irish Air Corps pour surveiller leurs manoeuvres, décrites comme étant « inhabituelles » alors qu’ils se trouvaient au large de Galway, à proximité d’IRIS, un câble sous-marin récemment posé entre l’Irlande et l’Islande et qui doit être étendu à l’Europe du Nord.

Puis, le 3 avril, le Fortuna, l’Umka et le Bakhtemir ont mis le cap vers le golfe de Gascogne, leur destination étant supposée être la Guinée équatoriale.

Avec trois quarts des câbles de l’hémisphère nord qui transitent par sa ZEE ou à proximité, l’Irlande, qui ne fait pas partie de l’Otan, constitue un point faible pour les pays occidentaux… D’où l’intérêt qu’elle suscite à Moscou… D’autant plus que Dublin manque de moyens militaires pour en assurer la protection.

« L’Irlande n’a absolument aucune capacité sous-marine souveraine. Non seulement on ne peut pas intervenir par rapport à ce qui se passe sous les vagues, mais on ne peut même pas voir ce qu’il s’y passe », a ainsi dénoncé le député Cathal Berry, dans les pages de l’Irish Examiner. « Nous n’avons aucun navire doté de sonar, ce qui nous rend uniques dans l’Union européenne », a-t-il continué. « Nous sommes une nation insulaire. […] Il est inacceptable que trois navires civils russes, en temps de guerre, puissent descendre la côte ouest de notre pays et flâner dans et autour de nos eaux territoriales », a-t-il dénoncé.

Outre la présence de navires au comportement suspect près de ses côtes, l’Irlande doit également composer avec les vols de bombardiers et d’avions de reconnaissance russes aux abords de son espace aérien, alors qu’elle ne dispose pas d’aviation de chasse.

Photo : Irish Air Corps

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