L’US Air Force envisage d’abandonner l’arme hypersonique AGM-183A après un essai en demi-teinte

Développée par Lockheed-Martin, l’arme hypersonique AGM-183A [ou ARRW pour Air Launched Rapid Response Weapon] se compose d’un propulseur qui, mis en route après son lancement par un bombardier stratégique B-52H Stratofortress, doit permettre de donner une vitesse supérieure à Mach 5 à un planeur manoeuvrant appelé TBG [pour Tactical Boost Glide].

Or, au début de ses essais, l’AGM-183A a connu plusieurs échecs, soit parce que la séquence de lancement depuis un bombardier stratégique B-52H Stratofortress a dû être interrompue, soit parce que le propulseur ne s’est pas allumé. Ce qui a lui valu une mauvaise presse au Congrès, au point que celui-ci a menacé de mettre un terme à son développement. Cependant, ce programme a été remis sur de bons rails… au point de terminer l’année 2022 sur une bonne note, avec le test réussi d’une version « opérationnelle » de cette arme hypersonique.

Seulement, le 13 mars, un nouvel essai d’un AGM-183A opérationnel a donné des résultats en demi-teinte. D’abord, l’US Air Force a assuré que « plusieurs » des objectifs ont été atteints. Ce qui veut dire que tous ne l’ont pas été. A-t-elle voulu en minimiser les conséquences, sachant qu’un nouvel échec serait fatal à ce programme?

Toujours est-il que le secrétaire à l’Air Force, Frank Kendall, a admis que le dernier test de l’AGM-183A n’avait « pas été un succès » car « nous n’avons pas obtenu les données dont nous avions besoin ». Et s’il n’a pas exclu de nouveaux essais – l’US Air Force a encore deux exemplaires à lancer -, il a en revanche affirmé que la priorité irait désormais au HACM [pour Hypersonic Attack Cruise Missile], un programme visant développer un missile de croisière hypersonique.

« Nous sommes plus attachés au HACM en ce moment qu’à l’ARRW », en effet déclaré M. Kendall, lors d’une audition parlementaire. D’autant plus que ce programme a connu des « succès » et que le missile qui en sortira sera « compatible » avec davantage d’avions de l’US Air Force. « Cela nous donnera plus de capacités de combat dans l’ensemble », a soutenu M. Kendall.

Lancé par la DARPA [l’agence du Pentagone dédiée à l’innovation] et l’Air Force Resarche Laboratory [AFRL], le HACM repose sur un missile hypervéloce propulsé par un statoréacteur à combustion supersonique. Il est la suite du projet « HAWC » [pour Hypersonic Air-breathing Weapon Concept], pour lequel les tandems Lockheed-Martin/Aerojet Rocketdyne et Raytheon/Northrop Grumman ont chacun proposé une solution. Et c’est le second qui a été retenu par le Pentagone.

Quant à l’AGM-183A, son avenir va dépendre de l’analyse de son dernier essai… et des résultats du lancement des deux exemplaires que possède l’US Air Force. Une décision sera prise en 2025. Mais en attendant, les documents budgétaires suggèrent que son sort est pratiquement scellé étant donné que les crédits alloués à son développement ont pratiquement été divisés par trois en 2023 [115 millions de dollars contre 308 millions pour l’année précédente]… alors que ceux destinés au HACM ont en encore augmenté, pour atteindre 423 millions de dollars. D’ailleurs, le Pentagone entend y consacrer 1,5 milliards entre 2025 et 2028.

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