L’armée de l’Air et de l’Espace passera au « tout Rafale »… mais en gardant ses Mirage 2000D
Lors de ses voeux aux Armées, à Mont-de-Marsan, le 20 janvier, le président Macron a annoncé que, à la faveur de la prochaine Loi de programmation militaire [LPM] 20124-30, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] passerait au « tout Rafale » afin de pouvoir éventuellement faire face à des « des adversaires plus forts » et « obtenir rapidement des effets militaires décisifs ». Et d’ajouter : Nous « maintiendrons cet avion d’exception au meilleur niveau mondial ».
Aussi, on pouvait déduire du propos du chef de l’État que les jours du Mirage 2000 allaient être désormais comptés… Mais ce ne sera apparemment pas le cas.
Selon l’édition 2021 des chiffres clés de la Défense [celle de 2022 n’a pas été publiée, sauf erreur], l’AAE disposait de 113 appareils de ce modèle, dont 66 Mirage 2000D [assaut], 7 Mirage 2000B [entraînement et formation] ainsi que 40 Mirage 2000-5 et Mirage 2000C RDI [défense aérienne]
Selon la LPM en vigueur, 55 Mirage 2000D de 3e Escadre de Chasse [EC] doivent être rénovés par Dassault Aviation. Cette opération consiste à moderniser leur avionique et à leur permettre d’emporter une nacelle canon CC422 ainsi que des missiles d’autoprotection MICA infrarouge. En outre, cet appareil est actuellement le seul de l’AAE à pouvoir mettre en oeuvre la nacelle de renseignement électronique ASTAC.
Quant aux Mirage 2000 dédiés à la défense aérienne, l’escadron de chasse 2/5 « Île-de-France » a été dissous en 2022. Ce qui s’est traduit par le transfert de ses Mirage 2000B à la 3e EC. Normalement, il sera réactivé en 2024, avec des Rafale C, sur la base aérienne 115 d’Orange Caritat.
Reste le cas des Mirage 2000-5, plus récents que les précédents et mis en oeuvre depuis 1999 par le Groupe de chasse 1/2 « Cigognes », basé Luxeuil. Selon les plans actuellement encore en vigueur, cette unité doit disposer de Rafale F4 à l’horizon 2032. Du moins, c’est ce qui avait été confirmé par Florence Parly, alors ministre des Armées, en 2019.
Mais visiblement, les « Cigognes » devraient obtenir des Rafale plus tôt que prévu… alors que, dans le même temps, la 3e EC gardera ses Mirage 2000D. C’est ce qu’a expliqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, en réponse à une question posée par Frank Giletti, rapporteur pour avis du budget de l’AAE, lors de son audition du 24 janvier.
« Tout Rafale. Alors il y a plusieurs types de Mirage. […] Et c’est le Mirage 2000-C [sic] que nous allons retirer progressivement de la circulation avec un pivot vers le Rafale. Et donc, tout ce qui est confirmé sur le Mirage 2000D est toujours d’actualité », a en effet affirmé le ministre
« Je vous présenterai les courbes de pivot, c’est un effort énorme qui tient aussi compte des capacités de production de Dassault, sans retarder l’exportation. […] Donc, la DGA [Direction générale de l’armement] va discuter avec Dassault pour permettre justement d’avoir une trajectoire progressive », a poursuivi M. Lecornu.
En clair, le « tout Rafale » consisterait à accélérer la transformation du Groupe de chasse 1/2 Cigognes vers le Rafale… Ni plus, ni moins…
Cela étant, pour le ministre, le « tout Rafale » permettra de réaliser des économies. « Plus vous avez des types d’avions différents, plus vous multipliez le MCO [maintien en condition opérationnelle, ndlr]. Et avec un MCO sur les Mirage qui coûte de plus en plus cher les années passant. Donc le pivot coûte un peu d’argent [au début] mais il permettra aussi de réduire le [coût du] MCO sur les années qui suivront », a-t-il détaillé Une logique qui ne s’appliquera donc pas aux Mirage 2000D. Du moins pour le moment.
Photo : Mirage 2000D et Rafale, lors d’une mission de renseignement en mer Noire