50,1% des Suisses approuvent l’achat de nouveaux avions de combat

En mai 2014, les électeurs suisses s’étaient opposés à l’achat de 22 avions de combat JAS-39 Gripen E/F que Bern devait commander auprès du constructeur suédois Saab afin de remplacer les F-5 Tiger II de ses forces aériennes. Mais, à l’époque, le débat s’était porté sur le type d’avion et non sur la nécessité d’acquérir de nouveaux avions appareils.

Depuis, le département suisse de la Défense a revu sa copie en lançant le programme Air 2030, qui vise à acquérir entre 30 et 40 nouveaux avions de combat d’ici 2030 pour 6 milliards de francs suisse, l’enjeu étant de remplacer à la fois les F/A-18 Hornet et les F-5 Tiger II de l’aviation de combat suisse.

Or, ce 27 septembre, une nouvelle votation concernant le financement de ce projet a été organisée à l’initiative du Groupe pour une Suisse sans armée [GSsA], avec le soutien dy Parti socialiste et des Verts. Et le scénario de 2014 a bien failli se jouer à nouveau, alors que les sondages donnaient une avance confortable au camp du « oui ».

En effet, ce n’est que du bout des lèvres que ce projet a été accepté, 50,1% des électeurs l’ayant approuvé. Ce qui fait un écart de seulement 8.670 voix. Comme il y a six ans, une net clivage entre les cantons alémanique et ceux de Suisse romande s’est dessiné, les premiers ayant été les plus favorables à l’achat de nouveaux avions de combat. À noter que le Valais, d’où est originaire l’actuelle ministre de la Défense, Viola Amherd, s’est prononcé en faveur du projet.

« Nous étions sûrs que nous avions mené une campagne qui allait motiver facilement les Suisses, cela n’a pas été le cas apparemment », a commenté, sur les ondes de la RTS, Gianni Bernasconi, le vice-président de la Société suisse des officiers, avec un brin d’amertume. Cependant, ce « oui signifie une sécurité aérienne pour la population. Cela n’est pas seulement un signal fort pour l’armée » et même si ce n’est qu’un « oui du bout des lèvres, c’est un oui quand même », a-t-il souligné.

Pour le GSsA, le résultat de cette votation est une surprise. « Nous pensions faire 40-45%, mais pas 50%. Cela montre qu’une grande partie de la population suisse ne croit pas que les avions de combat sont une vraie réponse aux dangers », s’est félicité Josef Lang, l’un des cadres de cette organisation.

Pour Roger Nordmann, chef du groupe socialiste aux Chambres fédérales, ce résultat est un signal pour exclure l’achat de F-35 américains, « qui sont les plus chers ». Chez les Verts, le député Fabien Fivaz [élu de Neufchâtel], est sur la même ligne. « Le résultat serré montre que les citoyens n’étaient pas si prêts que ça à une telle dépense » et « l’éventuel achat d’un avion américain devra notamment être évalué avec soin », a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, le GSsA, qui oublie que la neutralité se défend car elle n’est aucunement une garantie contre un conflit armé, s’est déjà dit prêt à lancer une autre initiative contre le type d’avion qui sera choisi. « C’est le début du combat et non la fin », assure-t-il.

Pour rappel, quatre avions de combat sont actuellement en lice pour le projet Air 2030. Si la version STOVL [décollage court et atterrissage verticale] du F-35 aurait pu mieux convenir à la Suisse, Lockheed-Martin défend les chances du F-35A [c’est à dire la version « classique] face au Rafale de Dassault Aviation, le F/A-18 Super Hornet de Boeing et l’Eurofighter Typhoon. Quant au Gripen E/F, sa candidature a été écartée par Armasuisse. Signe que les électeurs n’avaient peut-être pas eu totalement tort en 2014.

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