Sommet du G7 à Biarritz : Les mini-drones font désormais partie des menaces à considérer
En mai 2011, environ 10.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du sommet du G8, alors organisé à Deauville. La Marine nationale avait été sollicitée, de même que l’armée de l’Air, qui déploya, à l’époque, deux batteries de missiles sol-air Crotale. En outre, le dispositif, qui prévoyait une interdiction de l’espace aérien au-dessus de l’évènement ainsi que celle de la navigation maritime le long de la côte, reposait sur une trentaine d’aéronefs, dont un drone de surveillance et des hélicoptères.
Depuis, en raison du conflit en Ukraine et de l’annexion de la Crimée, la Russie n’est plus conviée à ce type d’évènement. Et, par rapport à 2011, une nouvelle menace a fait son apparition : celle des mini-drones. C’est ce qu’a souligné le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], dans un entretien accordé à l’Express.
« Les drones et les mini-drones constituent une menace nouvelle. […] En règle générale, ces appareils sont opérés par des gens curieux qui veulent faire des photos. Nous restons très vigilants car nous avons vu, au Yémen ou en Irak, que des terroristes peuvent les transformer en bombes volantes. Des groupes revendicatifs peuvent aussi les utiliser comme caisse de résonance médiatique », a expliqué le général Lavigne.
La menace relative à des drones piégés fit l’objet d’un premier message d’alerte émis en novembre 2016 par la zone de défense et de sécurité du sud-est.
« Même si militairement, en raison des charges très limitées que ce genre d’engin peut pour l’instant emporter, ce ne soit pas significatif, il est certain que la première attaque de ce genre en France marquerait les esprits », confia à l’AFP, quelques semaines plus tard, un responsable « spécialiste de la question ». Et d’ajouter : « Nous étudions de nombreux dispositifs pour empêcher que cela ne se produise, mais protéger intégralement le territoire national contre cette menace est tout simplement impossible. »
Quant aux groupes « revendicatifs », certains ont d’ores et déjà annoncé la couleur. Selon Le Monde, le collectif G7 Blokatu a prévenu qu’il organiserait des « actions de désobéissance civile massive en entravant ou bloquant la circulation des biens et des personnes qui participent au sommet ». Et les anarchistes Indar Beltza a appelé à des « actions fermes et résolues ».
« Même si nous pouvons avoir quelques ‘trous de détection’, car certains radars sont anciens […], la lutte contre les drones est une priorité », a assuré le général Lavigne dans les colonnes de L’Express. « La France a développé des brouilleurs portatifs à flux dirigé et un système de moyens mobiles appelé MILAD est en cours d’expérimentation. Nous étudions aussi des drones intercepteurs de drones », a-t-il poursuivi, en faisant référence, sans doute, à un projet conduit par CS Group et ALX Systems.
Puis le CEMAA a évoqué, sans donner de détails, d’une « poignée de situations non prévues » lors des répétitions pour le défilé du 14-Juillet…
Quoi qu’il en soit, les forces sollicitées pour la surveillance et la sécurité du G7 seront particulièrement « musclées », avec 13.000 policiers et gendarmes, et des soldats de la mission intérieure Sentinelle en appui. L’État-major des armées [EMA] a ainsi parlé d’un « dispositif particulier de sûreté terrestre ».
Selon la presse locale, l’armée de l’Air a déployé des radars tactiques sur les hauteurs ainsi que des « guetteurs ». Et au moins une batterie Crotale a été installée à Biarritz. Comme il se doit, au moins trois hélicoptères Fennec dédiés aux Mesures actives de sûreté aérienne [MASA] se tiendront en alerte, de même que des Rafale de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. L’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] sera aussi de la partie, avec des Gazelle et des Puma, ces derniers étant susceptibles de transporter des CRS ou des gendarmes mobiles.
Enfin, la Marine nationale a déployé la frégate anti-sous-marine [FASM] « La Motte-Picquet » au large du littoral basque, avec des commandos marine se tenant prêts à intervenir si besoin.
« Nous sommes là dans un dispositif classique à ce type d’événement. Nous nous donnons les moyens, mais nos priorités, lors de l’intervention, restent la proportionnalité, la graduation et le respect du droit », a expliqué le général Rondel, le commandant de la zone de défense et de sécurité du Sud-Ouest, au quotidien Sud Ouest.