La DGA Essais en vol voudrait disposer d’un avion Rafale à temps plein
Le dernier défilé militaire du 14-Juillet, à Paris, a notamment été marqué par la première participation de l’avion banc d’essai de nouvelle génération [ABE NG] Fokker de la division « Essais en vol » de la Direction générale de l’armement [DGA EV].
Livré en decembre 2016, cet appareil, qui dispose d’une pointe avant conique amovible similaire à celle du Rafale ainsi que plusieurs points d’emport pour des nacelles et des missiles sous son fuselage et sa voilure, effectue environ 150 vols d’essais par an.
Pour mener à bien ses missions [qualification et certification d’aéronefs et des systèmes d’armes, évaluation de la navigabilité, contrôle de la circulation aérienne d’essais et de réception et formation des pilotes, mécaniciens et ingénieurs d’essais], la DGA EV compte d’autres aéronefs, dont des Alphajet, des Mirage 2000, un Falcon 20, cinq Pilatus PC-7 ainsi que des hélicoptères Gazelle, Fennec, Dauphin 2 et Puma.
La DGA EV ayant pas mal de pain sur la planche actuellement, avec, par exemple, les essais en vue d’améliorer la connectivité des avions de combat [connectivité qui sera au centre de la version F4 du Rafale…] ou encore la modernisation des Mirage 2000D, ses moyens posent question, d’autant plus qu’une partie est utilisée par l’École du personnel navigant d’essais et de réception [EPNER]. Aussi, un Rafale, mis à sa disposition à temps plein, ne serait pas de trop, à en croire le député Fabien Lainé, qui a abordé le sujet lors d’une audition de Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], le mois dernier.
« Le nouveau standard du Rafale, le F4, devant être développé, je m’interroge sur les moyens dont elle dispose. En effet, elle accessoirise un Mirage pour effectuer tous les essais nécessaires, même si elle utilise parfois un Rafale pour parfaire ces essais. Son personnel me dit régulièrement qu’il aurait besoin d’un Rafale à temps complet pour mener à bien cette mission. Quand on sait l’intérêt de la mission pour la défense française et pour l’exportation, cela ne me paraît pas exagéré », a ainsi affirmé M. Lainé.
« Évidemment, nous souhaiterions disposer de Rafale ; je comprends très bien ce que vous disent les personnels de DGA EV », lui a répondu M. Barre, qui a fait état d’une « discussion en cours » sur la « consolidation » et le « renouvellement » des moyens d’essais de la DGA EV.
Seulement, obtenir un Rafale à temps complet pour des essais et des expérimentations n’est pas aussi simple… « Quand je demande un Rafale à l’armée de l’air pour faire des essais en vol à Cazaux, celle-ci me répond qu’elle a besoin de ses Rafale pour faire la guerre », a continué le Délégué général pour l’armement.
Quoi qu’il en soit, a-t-il continué, si le « sujet est difficile », le « chantier est en cours ». Et d’ajouter : « Nous progressons mais je ne peux pas encore vous en donner le résultat définitif. Soyez patients ! Sachez que je suis allé à Cazaux il n’y a pas très longtemps : on m’a présenté en détail la difficulté du dossier. »
En attendant, la DGA EV cherche des synergies avec les centres d’expérimentations aéronautiques des trois armées.
C’est ainsi que, en juillet, la DGA EV et le CEPA/10S [Centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale] ont signé un accord pour « optimiser l’utilisation de leurs ressources [humaines et matérielles] dans le cadre des travaux de qualification et d’expérimentation opérationnelle des équipements aéronautiques de la Marine. »
« Les premières applications du nouveau protocole avec le soutien du Dervice des essais et expérimentations aéronautiques de la Défense
[SEEAD] se feront ainsi au profit des travaux d’expérimentation de l’ATL2 rénové au standard 6, des essais de navalisation du drone S-100, de la réception des aéronefs en sortie de maintenance, ou encore dans le cadre des activités d’innovation lancées récemment par le CEPA/10S sur le combat naval ainsi que par DGA Essais en vol via l’Innovation Flight Test Lab », a expliqué la DGA.
Des accords similaires ont été signés avec le Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de l’Armée de l’air et groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de Terre. Ce qui permet à la DGA EV de renfocer « son rôle central en matière d’essais en vol, en ayant un rôle pivot entre les industriels et les armées, tout en optimisant les essais en vol et les expérimentations afin d’accélérer la mise en service opérationnel des nouveaux matériel. »
Photo : DGA