L’Allemagne va mettre ses capacités en matière de cyberdéfense à la disposition de l’Otan

Depuis le sommet de Varsovie, organisé en juillet 2016, l’Otan considère le cyberespace comme un domaine d’opérationnel à part entière. Comme l’avait souligné Jens Stoltenberg, son secrétaire général, cela signifie qu’une « cyberattaque peut déclencher l’article 5 » du traité de l’Atlantique-Nord, c’est à dire la clause de défense collective.

En la matière, l’organisation a mis en place plusieurs structures pour protéger ses réseaux informatiques. Telle est ainsi la vocation de l’Agence OTAN d’information et de communication [NCIA], qui chapeaute la NCIRC [Capacité OTAN de réaction aux incidents informatiques], laquelle coopère étroitement avec le Centre d’alerte et de réaction aux attaques informatiques [CERT] de l’Union européenne.

La cyberdéfense de l’Otan sera par ailleurs renforcée avec la création, à Mons [Belgique] d’un nouveau Centre des cyberopérations [CyOC], qui sera pleinement opérationnel en 2023. Ce dernier aura la mission de donner aux chefs militaire une meilleure connaissance de la situtation, à l’appui des opérations et de coordonner l’activité opérationnelle dans le cyberespace tout en rendant cette dernière « plus résiliente » aux cyberattaques.

Plus généralement, via ces structures et le Centre d’excellence pour la cyberdéfense en coopération de l’Otan, installé à Tallinn [Estonie], cette politique vise surtout à renforcer les capacités cyber de ses membres. Car c’est en effet sur ces derniers que reposent celles de l’Alliance.

« En tant qu’organisation, l’Otan ne prévoit pas de se doter de ses propres capacités de cyber offensives. De leur côté, les Alliés peuvent proposer leurs effets cyber souverains à l’appui des opérations et missions de l’Otan, sachant que dans un tel cas leurs capacités cyber nationales resteront à tout moment sous leur contrôle », explique l’organisation.

Ainsi, plusieurs États membres ont mis leurs capacités « cyber » à la disposition des opérations et des missions de l’Otan, tout en restant « propriétaires » de leurs moyens en la matière [comme ils le sont, du reste, quand ils engagent leurs blindés, avions et navires dans le cadre otanien, ndlr]. Tel est le cas du Royaume-Uni, du Danemark, des Pays-Bas, de l’Estonie et, plus récemment, des États-Unis.

Un autre pays devrait les rejoindre. En effet, selon l’AFP, l’Allemagne serait aussi sur le point de mettre à la disposition de l’Otan « l’ensemble de ses capacités, éléments offensifs inclus ». Cette décision devrait être annoncé aux Alliés lors de la réunion des ministres de la Défense des États membres, à Bruxelles, ce 14 février.

Il y a encore peu, la politique allemande en la matière se voulait strictement défensive. Mais la série de cyberattaques ayant visé les institutions allemandes au cours de ces dernières années ont conduit à un changement d’approche, lequel s’est traduit par la création récente, au sein de la Bundeswehr d’un « Kommando Cyber- und Informationsraum » [KdoCIR – Commandement Cyberespace et Information].

Fédérant plusieurs unités militaires spécialisées [guerre électronique, transmissions], ce KdoCIR, qui comptera à terme 13.500 experts civils et militaires, a pour mission d’assurer la protection des réseaux informatiques de la Bundeswehr mais aussi de mener des actions « offensives » contre des infrastructures étrangères, à la condition d’en avoir reçu le feu vert de la part du Parlement.

Les opérations dans le cyberespace prendront de plus en plus d’importance à l’avenir, comme le montrer le cas du « Stryker Carrier Vehicle Dragoon » [ICV-D], déployé en Allemagne par l’US Army depuis décembre 2017.

Cette version « musclée » du traditionnel véhicule de combat d’infanterie « Stryker » a fait l’objet d’un chapitre entier dans le dernier rapport du Bureau des tests opérationnels et de l’évaluation [DOT&E]. Et, comme l’a relevé le blog « The War Zone », il a été démontré qu’il était possible de « dégrader certaines fonctionnalités de l’ICV-D dans un environnement cyber contesté. » Toutefois, ce cas n’est pas isolé. En octobre, le Government Accountability Office, l’équivalent américain de la Cour des comptes, s’était alarmé de la vulnérabilité des équipements utilisés par les forces américaines face au risque d’attaques informatiques.

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