Mme Parly qualifie les fuites sur les « ratés » de l’opération Hamilton de « malveillantes »
Dans la nuit du 13 au 14 avril, les forces françaises, américaines et britanniques ont frappé des sites du programme chimique syrien, après une attaque commise une semaine plus tôt à Douma [Ghouta orientale], avec « divers produits chimiques organiques chlorés », selon les conclusions préliminaires de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques [OIAC] publiées le 6 juillet.
Pour cette opération, appelée Hamilton et dirigée au niveau tactique par un officier français, la France a notamment mobilisé 3 Frégates multimissions [FREMM], 5 Rafale, 2 E3-F Awacs, 6 avions-ravitailleurs C-135FR et 4 Mirage 2000-5 pour assurer la couverture. Ce dispositif a tiré 12 missiles de croisière, dont 3 MdCN [Missile de croisière naval] par la FREMM Languedoc et 9 SCALP par les Rafale.
Comme l’a expliqué le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), pour une telle opération, on « prévoit toujours de la redondance, c’est à dire un excès de moyens par rapport aux cibles, pour être certain qu’elle seront atteintes, quoi qu’il arrive, malgré les défenses adverses. »
Or, l’on sait que les FREMM Aquitaine et Auvergne n’ont pas pu tirer leurs MdCN et qu’un SCALP n’est pas parti. Le ministère des Armées ne souhaitant faire aucun commentaire à ce sujet, les spéculations sur les raisons de ces « ratés » vont bon train. Cyberattaque? Bug informatique? Souci technique? Présence de navires russes à proximité?
Évidemment, lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le 4 juillet, la ministre des Armées, Florence Parly, n’a pas manqué d’être interrogée sur cet aspect de l’opération Hamilton. Et sa réponse a été pour le moins « musclée ».
« J’aimerais redire avec vigueur que cette opération a été une réussite : elle a atteint ses objectifs alors qu’elle était particulièrement complexe puisqu’elle combinait des moyens aériens et des moyens maritimes de trois armées différentes – la nôtre, celle des États-Unis et celle du Royaume-Uni – à des milliers de kilomètres de notre territoire », a commencé par souligner la ministre.
« Après toute opération, il faut tirer des leçons. Les militaires ont un processus bien établi pour cela : les RETEX, ou retours d’expérience, dont nous sommes en train d’exploiter les analyses », a ensuite continué Mme Parly. « Mon objectif est de faire mieux car tout n’est pas toujours optimal. Le déroulement d’une opération peut ne pas être conforme à ce qui était prévu », a-t-elle admis.
Pour autant, a insisté la ministre, « je ne crois pas nécessaire d’en tirer la conclusion qu’il faut aller baver dans la presse et se tirer une balle dans le pied en jouant contre les intérêts de notre pays. »
Et Mme parly de qualifier ces « fuites » de « malveillantes » car elles « nuisent à nos armées et à nos industries. »
« Pour ce qui me concerne, je suis la première à vouloir que les RETEX aillent à leur terme, particulièrement pour cette opération hypercomplexe menée dans un très court délai avec des équipements nouveaux », a fait valoir la ministre.
Mais « en tout état de cause, mieux vaut éviter de faire des commentaires dans la presse sur des opérations sur lesquelles personne ne disposait d’éléments d’information suffisants », a conclu Mme Parly.