Opération Hamilton : Deux frégates françaises auraient été gênées par des navires russes au moment de lancer leurs missiles

Invité par la chaîne CNEWS, ce 4 mai, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées (CEMA), n’a pas échappé à une question sur les éventuels « dysfonctionnements » qui auraient empêché deux frégates multimissions (FREMM) Aquitaine et Auvergne de lancer leurs missiles de croisière navals (MdCN) lors de l’opération Hamilton.

Pour rappel, menée dans la nuit du 13 au 14 avril dernier par les forces françaises, américaines et britanniques, cette dernière a visé le programme chimique syrien, en réponse à une attaque au gaz commise une semaine plus tôt à Douma, dans la Ghouta orientale.

Au cours de cette opération, dont la direction tactique a été assurée par un officier français, 3 FREMM, 5 Rafale, 2 E-3F AWACS, 6 avions ravitailleurs C-135FR et 4 Mirage 2000-5, sans oublier des navires de soutien, ont été engagés. Ces moyens ont permis de tirer 12 missiles de croisière, dont 3 MdCN par la FREMM Languedoc et 9 SCALP par les Rafale.

Comme l’a indiqué le général Lecointre, la planification de cette opération a commencé dès mai 2017, quand le président Macron a fixé des lignes rouges au régime syrien. Et l’usage d’armes chimiques en était une.

Sur le plateau de CNEWS, le général Lecointre a expliqué que quand « on conduit une opération militaire », comme Hamilton, on « prévoit toujours de la redondance, c’est à dire un excès de moyens par rapport aux cibles, pour être certain qu’elle seront atteintes, quoi qu’il arrive, malgré les défenses adverses. » Aussi, a-t-il continué, « je considère que la mission a été réussie parce que les cibles que nous nous étions fixé comme objectifs ont été atteintes, traitées, détruites ». Et, a-t-il conclu dans un sourire, « je ne fais pas de commentaires sur le reste ».

L’hebdomadaire Le Point a cependant pu obtenir quelques informations intéressantes. Ainsi, comme l’a dit le général Lecointre, des moyens « redondants » ont bien été prévus : puisqu’une FREMM (sur les 3) et un Rafale (sur les 5) furent mis en réserve en cas de pépin.

Au départ, il était donc question, toujours selon Le Point, de tirer 8 MdCN (deux salves de 4) et 8 SCALP, étant donné qu’un Rafale B peut en emporter 2 exemplaires. Pourquoi les FREMM Aquitaine et Auvergne n’ont-elles pas pu tirer leurs missiles?

Quand l’opération Hamilton a été déclenchée, il y avait du monde en Méditerranée orientale. Outre les navires français, américains [dont le destroyer USS Donald Cook, qui n’a pas tiré de missiles Tomahawk, ndlr] et britanniques [dont, a priori, un sous-marin nucléaire d’attaque de la classe Astute, ndlr], quasiment tous les navires russes habituellement basés à Tartous [Syrie] avaient appareillé quelques jours plus tôt.

« Une fois l’opération lancée, les choses ne se passent pas comme prévu : l’attitude inamicale de deux navires russes présents dans la zone, dont la frégate de nouvelle génération ‘Amiral Grigorovitch.’, empêche les marins français de tirer leurs missiles dans la fenêtre de tir d’une poignée de minutes. Résultat : seuls trois MdCN seront tirés », explique Guerric Poncet, du Point. Aussi, le Rafale qui se tenait en réserve a dû tirer ses deux SCALP.

Seulement, l’un d’eux a connu un problème, l’un de ses deux SCALP n’étant pas « parti » comme prévu, ce qui est un fait très rare. Finalement, l’engin ayant fait long feu sera largué en mer.

D’après The Times, les FREMM françaises n’auraient pas été les seules à être gênées au moment de lancer leurs MdCN : le SNA britannique qui se trouvait en Méditerranée orientale pour lancer des BGM-109 Tomahawk aurait été chassé par deux submersibles russes de la classe Kilo.

En outre, une semaine avant l’opération Hamilton, la frégate Aquitaine avait été survolée par un avion russe de Su-24 « Fencer » affichant une « posture agressive ». Selon le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck, un tel incident s’est produit à 8 reprises depuis l’été 2017.

Par ailleurs, l’opération Hamilton a été suivie de près par un A-50 Mainstay, c’est à dire l’équivalent russe de l’AWACS, et son escorte. Sa présence pendant les frappes visait évidemment à collecter le plus de renseignements possibles sur les moyens français, américains et britanniques. « Nous l’avons aussi fait sur eux », a assuré le général Jean-Christophe Zimmermann, le commandant de la défense et des opérations aériennes, selon qui des mesures avaient été prises pour limiter le flux d’informations pouvant intéresser les forces russes.

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