Mali : Barkhane hausse le ton contre la collusion de certains groupes armés maliens avec les jihadistes
Signé en 2015 par le gouvernement malien, la plateforme (groupes armés progouvernementaux) et la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rebellion touareg), l’accord de paix peine à être mis en oeuvre dans le nord du Mali.
Dans un rapport récemment rendu public, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « profondément préoccupé » par la « reprise de violents affrontements entre les groupes armés signataires de l’accord ». Et d’ajouter : « Malheureusement, presque aucun progrès n’a été réalisé dans l’application de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali. »
Il faut dire que certains groupes armés ne jouent pas franc jeu. Ainsi, une partie de l’organisation jihadiste Ansar Dine, dirigée par Iyad ag Ghali, a intégré le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui a rejoint la CMA, aux côtés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
En juin 2016, l’entourage de Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, n’avait pas caché son « agacement » face à l’attidude du HCUA.
« C’est un des groupes signataires des accords d’Alger mais en même temps, clairement, il n’hésite pas à afficher une forme de proximité avec Iyad Ag Ghali et Ansar Dine, que ce soit une proximité sur le fond ou d’hommes », avait expliqué un proche du ministre. « Si on devait tolérer trop longtemps ce type de double jeu, par définition aller vers une solution sera compliqué », avait-il ajouté.
Cette semaine, le général Christian Allavène, représentant de la force Barkhane au Mali, a mis les pieds dans le plat. « Les différentes opérations que nous avons menées récemment dans le nord, mais pas uniquement, notamment par la saisie d’un certain nombre de pièces à charge, démontrent la collusion qui existe entre certaines personnes de certains groupes armés signataires, et des groupes armés terroristes », a-t-il en effet lancé, lors d’une conférence de presse.
Selon RFI, qui a rapporté les propos du général Allavène, des écoutes téléphoniques démontreraient cette collusion. « Sur le terrain, il arrive que des responsables ou membres des mouvements signataires de l’accord de paix d’Alger, reçoivent même des consignes de ces terroristes », affirme le média public.
Ces preuves collectées par la force Barkhane pourraient être utilisées pour sanctionner ceux qui entravent l’application de l’accord de paix, conformément à la résolution 2374 adoptée en septembre par le Conseil de sécurité de l’ONU.