Selon les chiffres clés de la Défense, l’armée de Terre n’a presque pas perdu de blindés en un an d’opérations
Entre 2014 et 2016, l’armée de Terre perdit près de 500 blindés à roues, leur nombre en dotation étant passé de 6.768 à 6.279. La cause de cette baisse pouvait alors être facilement trouvée, avec le retrait du service de nombreux VAB (Véhicules de l’avant blindé), très sollicités pour les opérations extérieures en plus d’être quasiment deux fois plus âgés que leurs conducteurs.
Étant donné que le rythme opérationnel n’a pas faibli dans la bande sahélo-saharienne (BSS) avec Barkhane, l’on pouvait s’attendre à une nouvelle baisse des VAB en parc en 2017, même si l’opération Sangaris, en Centrafrique, a pris fin en octobre dernier. En outre, les derniers chiffres sur la disponibilité technique de ces véhicules n’étaient pas très bons (-50%).
Or, il n’en a rien été si l’on en juge par les « chiffres clés de la Défense », que le ministère des Armées publie chaque année, au début du mois de septembre. Ainsi, au 1er juillet 2017, l’armée de Terre comptait 6.279 blindés à roues contre 6.293 un an plus tôt. Soit 14 véhicules en moins, ce qui s’explique par le retrait de 10 ERC-90 Sagaie et de 4 VBL (Véhicules légers blindés).
Et la surprise vient du nombre de VAB, qui est resté stable, à 2.661 exemplaires encore en dotation. En un an d’opérations, pas un n’aurait donc été perdu, que ce soit par vétusté, par usure ou par « dommage de guerre » alors que, comme le soulignait récemment le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), après 12 ou 18 mois passés au Mali, un véhicule de ce type « doit être renvoyé en France pour y être reconstruit. »
Et le CEMAT d’ajouter : « L’usure prématurée des matériels et leur destruction impliquent un décalage des modèles de maintien en condition opérationnelle : on est passé d’un simple maintien de la disponibilité technique à une combinaison de régénération et de disponibilité technique. »
En outre, comme la reconstruction d’un VAB est aussi coûteuse que l’achat d’un véhicule neuf comme peut l’être le Griffon, le général Bosser plaide pour une accélération du programme Scorpion. « Va-t-on continuer à dépenser des sommes conséquentes pour reconstruire et réparer de vieux équipements, ou va-t-on investir cet argent dans l’acquisition d’équipements de nouvelle génération? », avait-il d’ailleurs demandé aux députés, lors de son passage devant la commission de la Défense, en juillet.
Cela étant, cette stabilité du nombre de VAB en dotation a de quoi être étonnante au regard de la tendance de ces dernières années, au cours desquelles 200 exemplaires en moyenne ont été retirés du service. Qu’il y ait eu, l’an passé, un ralentissement de cette tendance peut toutefois se comprendre puisqu’il n’y a pas eu de dissolution de régiments (la Force opérationnelle terrestre a même pris du volume). Mais l’on en saura plus quand les chiffres concernant leur diponibilité technique seront connus.