Le mouvement taleb afghan a lancé sa traditionnelle offensive de printemps

Une semaine après le massacre commis sur la base de Mazar-i-Sharif (au moins 135 soldats afghans tués) grâce à de très probables complicités internes, le mouvement taleb afghan a annoncé, ce 28 avril, le lancement de sa traditionnelle offensive de printemps, appelée « opération Mansouri », en référence à son ancien chef, le mollah Mansour, tué l’an passé au Pakistan par une frappe américaine.

Cette annonce coïncide avec la « Journée des Moudjahidine », au cours de laquelle un hommage est rendu aux combattants ayant affronté les forces armées soviétiques lors de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979. En outre, elle a été faite alors que le ministre afghan de la Défense, Abdullah Habibi, vient de donner sa démission, comme d’ailleurs le général Qadam Shah Shahim, le chef d’état-major de l’armée nationale afghane (ANA).

Dans son communiqué, le mouvement taleb explique que « le principal objectif de l’opération Mansouri sera les forces étrangères, leurs infrastructures militaires et de renseignement, et l’élimination de leurs mercenaires locaux », c’est à dire les soldats et les policiers afghans.

Logiquement, les taliban devraient porter l’essentiel de leur effort vers les provinces déjà affaiblies lors de leurs précédentes offensives, comme celles du Helmand, d’Uruzgan, de Baghlan, de Kunduz, de Faryab et de Farah.

Selon l’administration américaine, les forces afghanes ne contrôlent plus que 60% environ des 460 districts du pays. Toutefois, les insurgés n’ont pas encore réussi à s’emparer durablement d’une ville majeure. Mais il est à craindre que la pression soit très forte sur Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand, comme cela a été le cas l’an passé. D’ailleurs, près de 300 Marines américains sont attendus dans cette zone pour y appuyer les forces afghanes.

En visite à Kaboul cette semaine, le chef du Pentagone, le général Jim Mattis, a dit s’attendre à une « nouvelle année difficile » pour l’Afghanistan. Outre la menace des taliban, le pays doit aussi faire face à celle de l’État islamique (EI), dont les combattants sont principalement présents dans la province de Nangarhar.

Malgré le largage de la « mère de toutes les bombes » (MOAB ou GBU-43/B) sur un de leurs fiefs, il y a deux semaines, ces derniers ont encore infligé des pertes aux militaires américains : deux d’entre-eux ont en effet été tués « durant un raid contre des insurgés dans la province du Nangarhar », le 27 avril.

Quoi qu’il en soit, le général John Nicholson, le chef de la mission Resolute Support, lancée par l’Otan, et du contingent américain présent en Afghanistan, a demandé, cet hiver, « quelques milliers d’hommes supplémentaires » pour faire face à la branche afghano-pakistanaise de l’EI ainsi qu’aux taliban.

Par ailleurs, il a été rapporté que le mouvement taleb afghan bénéficie d’un soutien de la Russie, laquelle lui fournirait des armes. Lors de la conférence de presse qu’il a donnée à Kaboul, le général Mattis n’a pas démenti cette information.

« Nous engagerons un dialogue diplomatique avec la Russie. Nous le ferons où nous pouvons, mais il nous faudra nous confronter à la Russie là où elle agit à l’encontre du droit international et là où elle enfreint la souveraineté des États », a affirmé le chef du Pentagone.

Si la Russie a nié toute livraison d’armes aux taliban afghans, il n’en reste pas moins qu’elle prône un dialogue avec ces derniers étant donné que leurs intérêts coïncident avec les siens dans la lutte contre l’État islamique, comme l’a affirmé le diplomate russe Zamir Kaboulov. Pour Moscou, cette approche s’explique par le fait que le mouvement taleb afghan n’entend pas « exporter » le jihad. Or, c’est oublier qu’al-Qaïda lui a fait allégeance…

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