Un vétéran d’al-Qaïda éliminé par une frappe américaine en Syrie
Le Front Fatah al-Cham a beau prétendre avoir rompu ses liens avec al-Qaïda depuis qu’il a abandonné l’appellation « Front al-Nosra » mais il n’en reste pas moins qu’il est proche d’un certain nombre de cadres de l’organisation fondée par Oussama Ben Laden.
Aussi, depuis le début de cette année, les États-Unis ont intensifié leurs actions contre le Front Fatah al-Cham en affirmant viser al-Qaïda. Et la liste des cadres de ce réseau terroriste éliminés par des frappes ne cessent de s’allonger.
Après Abou Khattab al-Qathani et Abou Omar al-Turkistani, deux vétérans d’al-Qaïda éliminés le 1er janvier, Mohammed Habib Boussadoun al-Tunisi, un « responsables des opérations extérieures », Abd al-Jalil al-Muslimi, suspecté de planifier des attentats en Europe, et Abu Hasan al-Taftanaz, présenté comme étant un « haut responsable » du groupe terroriste, le Pentagone vient de confirmer la mort d’Abou Hani al-Masri, tué lors d’un raid aérien effectué le 4 février dernier, dans la région d’Idleb, contrôlée en grande partie par le Front Fatah al-Cham et ses alliés.
Membre d’al-Qaïda depuis sa création et proche de Ben Laden et de son successeur, Ayman al-Zawahiri, Al-Masri « a supervisé la création et les opérations de nombreux camps en Afghanistan dans les années 1980 et 1990, où il a recruté, endoctriné, entraîné et équipé des milliers de terroristes qui se sont ensuite répandus dans la région et le monde », a précisé le capitaine de vaisseau Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone.
Originaire d’Égypte, Al-Masri aurait été l’un des fondateurs du Jihad islamique égyptien, qui a fusionné, en 1998, avec al-Qaïda. Son parcours se confond d’ailleurs avec celui d’Ayman al-Zawahiri. Par la suite, sa trace se perd. Il aurait vécu pendant un temps en Malaisie, avant d’être expulsé vers son pays d’origine, où il aurait été emprisonné jusqu’au printemps arabe, en 2011, avant de rejoindre la mouvance jihadiste en Syrie, où il a contribué à créer des camps d’entraînement.
Outre l’élimination d’Al-Masri, le Pentagone a aussi indiqué avoir tué, le 3 février, « 10 extrémistes dans un bâtiment utilisé comme un lieu de réunion » tenu par al-Qaïda. Ces frappes « désorganisent la capacité d’Al-Qaïda à planifier des attaques contre les Etats-Unis et leurs intérêts dans le monde », a expliqué le capitaine de vaisseau Davis. Et visiblement, elles ne sont pas prêtes de s’arrêter puisqu’un nouveau bombardement de positions occupées par le Front Fatah al-Cham a été signalé le 8 février. Selon un bilan encore impossible à confirmer, il est fait état d’une quarantaine de tués.
Quoi qu’il en soit, cette succession de frappes contre des cadres d’al-Qaïda (et/ou du Front Fatah al-Cham) sème le trouble chez les jihadistes. D’autant plus que ces derniers ont déjà perdu des chefs importants au cours de ces derniers mois, dont Abou Firas al-Souri, le porte-parole de l’ex-Front al-Nosra et Ahmed Salama Mabrouk (alias Abu-al-Faraj al-Masri), un ancien du Jihad islamique.
« Ils doutent de plus en plus de la loyauté de leurs membres », a avancé le porte-parole du Pentagone, au sujet des jihadistes d’al-Qaïda et du Front Fatah al-Cham. En clair, un sentiment de paranoïa s’étend dans leurs rangs, ce qui va affecter leur unité et leur moral.