Le commandement des forces de sécurité afghanes remis en cause par le chef de la mission de l’Otan

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En février, le général américain John Campbell, qui s’apprêtait à céder le commandement de la mission Resolute Support au général John Nicholson, se disait « optimiste » au sujet de l’avenir de l’Afghanistan.

Seulement, et malgré l’élimination du mollah Akhtar Mansour, le chef des taliban afghans, la situation dans le pays continue de se dégrader. Désormais, ce sont six capitales provinciales qui sont menacées par les insurgés, dont Lahkar Gah (Helmand), Kunduz, Farah, Tarin Kot (Uruzgan), Maimana (Faryab) et Pul-i-Khumri (Baghlan).

Depuis quelques mois maintenant, certaines de ces provinces sont le théâtre d’intenses combats, lesquels mettent en difficultés les forces de sécurité afghanes. D’autres ne font l’objet de la convoitise des talibans que très récemment, comme celle de Faryab, où une embuscade tendue par les insurgés a manqué de tuer le général Abdul Rachid Dostom, figure de l’ex-Alliance du Nord avant 2001 et désormais vice-président de l’afghanistan.

En outre, les pertes subies par les forces de sécurité afghanes ont atteint un niveau préoccupant. Et pour le général Nicholoson, il n’est pas question de dire que tout va bien et que ces dernières font des progrés…

En effet, le 23 octobre, le chef de Resolute Support a estimé que les « failles de commandement » au sein de nombreuses unités de la police et de l’armée afghanes ont « conduit à un taux anormalement élevé de victimes parmi les troupes gouvernementales. »

En 2015, plus de 5.000 soldats et policiers afghans ont été tués lors de combats contre les taliban. Et 15.000 autres ont été blessés, c’est à dire mis hors de combat pendant un certain temps. Pour cette année, le général Nicholson s’attend à des pertes « aussi importantes, peut être supérieures selon les unités et les régions ».

Selon le général, si les soldats et les policiers de base font de leur mieux, ils doivent trop souvent composer avec un encadrement défaillant et des moyens insuffisants.

« Ces jeunes policiers qui meurent aux checkpoint n’ont pas toujours assez à manger, ni assez d’eau ou de munitions et leurs officiers ne sont parfois même à leurs côtés », a dénoncé le général Nicholson, qui ne s’est pas privé de pointer la corruption au sein du ministère afghan de l’Intérieur.

Cette défaillance du commandement peut être illustré par les embuscades tendues le 11 octobre dernier par les taliban à une douzaine de kilomètres de Lashkar Gah et qui ont fait au moins 90 tués dans les rangs des forces de sécurité. Les unités attaquées auraient, selon l’état-major du 215e Corps de l’ANA, auraient décidé de quitter leurs positions sans attendre la relève… et donc « sans coordonner leur déplacement. »

Toutefois, le tableau n’est pas toujours aussi sombre. Notamment au niveau des forces spéciales afghanes, qui, contrairement aux unités classiques, ont un « excellent commandement ». C’est ainsi le cas du 201e Corps de l’ANA, qui a remporté plusieurs succés face à la branche afghane de l’État islamique (EI) dans la province de Nangharar et dont le taux de renouvellement de contrat parmi ses soldats est de « 99% », selon son commandant adjoint, le général Mohammad Ali Shujai.

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