Selon un sondage, les Français sont favorables à la livraison des BPC Mistral à la Russie

Compte tenu du soutien apporté par la Russie aux séparatistes ukrainiens actifs dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass), le président Hollande a décidé, en novembre dernier, de surseoir, jusqu’à nouvel ordre, à la livraison du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Vladivostok à la marine russe.

Ce navire sera-t-il livré un jour? Pour le moment, étant que les conditions fixées par Paris ne sont pas encore réunies et que de violents combats sont en cours pour le contrôle de l’aéroport de Donetsk, cela n’en prend pas le chemin.

Début décembre, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a même affirmé que Paris pourrait même « ne jamais livrer » le Vladivostok ainsi que le Sébastopol, le 2e BPC commandé par Moscou, actuellement en cours de construction au chantier naval STX France, à Saint-Nazaire. « Il faudrait que les Russes se rendent compte de cette situation…On ne peut envisager une livraison dans les conditions de tension dans lesquelles nous sommes », a-t-il averti, lors d’un entretien accordé à BFMTV.

Mais, visiblement, l’opinion française n’est pas du tout sur la même longueur d’onde. Selon un sondage commandé par La Tribune à l’institut IFOP [.pdf], ils ont 64% à estimer que la France doit livrer ces navires à la Russie. Parmi les raisons évoquées pour justifier cette position, 77% pensent que ne pas honorer la commande russe aura « des conséquences négatives pour les chantiers navals en France et pour l’emploi ».

En outre 72% mettent avant le fait que cela pourrait nuire à l’industrie de défense française en mettant en danger d’autres contrats commerciaux. Comme la vente de 126 avions Rafale à l’Inde par exemple? C’est en tout cas l’argument défendu par Moscou auprès de New Delhi.

Mais les responsables russes vont même au-delà en tentant de convaince leurs homologues indiens qu’ils n’ont pas besoin de l’appareil français pour équiper leurs forces aériennes et suggérant, au passage, l’acquisition de Su-30 MKI supplémentaires. Les Britanniques et les Allemands ne sont pas en reste non plus, eux qui n’ont pas avalé la défaite de l’Eurofighter Typhoon face au Rafale, en finale de l’appel d’offres indien.

Pour le moment, les négociations sur le contrat de vente des Rafale se poursuivent. Il reste à régler plusieurs questions, dont celle portant sur la responsabilité des avions qui seront assemblés en Inde. Et c’est sans doute l’écueil le plus délicat, bien loin devant l’affaire des BPC russes.

Quoi qu’il en soit, si la non-livraison de ces navires a un impact sur les exportations françaises en matière d’armement, on le saura très vite avec un premier bilan de l’année passé qui devrait bientôt être disponible. Si l’on en croit M. Le Drian, il devrait être bon… malgré les vicissitudes des BPC russes.

Au-delà de ces questions, les personnes interrogées par l’IFOP estiment surtout, à 75%, que le refus de livrer les deux BPC à la Russie est inefficace pour régler le conflit urkrainien. Et ils sont 52% à penser que les sanctions économiques par les Occidentaux à l’égard de Moscou ne sont efficaces.

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