L’Azerbaïdjan va augmenter ses dépenses militaires de 8,6% en 2015

Suite à un vote au Parlement, l’Azerbaïdjan va augmenter ses dépenses militaires de 8,6% en 2015, ce qui les portera à 1,8 milliard d’euros. Pour cela, cette ancienne république soviétique du Caucase du Sud, dont l’économie repose essentiellement sur l’exploitation pétrolière, table sur une croissance économique de 4,4% (contre 3,6% cette année).

Cette hausse importante des crédits militaires a été décidée alors que les tensions avec l’Arménie au sujet du Haut-Karabakh sont actuellement très élevées. Récemment, l’armée azerbaïdjanaise a abattu un hélicoptère Mil Mi 24 arménien, ce qui été l’incident le plus grave entre les deux pays depuis le cessez-le-feu signé en 1994 sous l’égide du groupe de Minsk (France, Russie et États-Unis).

En fait, les accrochages entre les forces armées des deux pays sont fréquents. En août dernier, ils se sont même multipliés, au point que le ministre arménien de la Défense, Seïran Oganian, avait parlé d’une situation « très tendue » pouvant « dégénérer en guerre ». Et l’éventualité d’un conflit pourrait déstabiliser le sud du Caucase, sachant que Téhéran soutient Erevan tandis que Bakou bénéficie de l’appui d’Ankara.

Quant à la Russie, qui dispose de forces armées en Arménie, elle suit la situation de près. Toutefois, même s’il dépend énormément de l’industrie militaire russe, l’Azerbaïdjan a pris ses distances avec Moscou.

« Malgré 150 ans d’histoire commune et des intérêts économiques entremêlés, les relations entre l’Azerbaïdjan et la Russie restent marquées par une certaine réserve du côté azerbaïdjanais, soucieux de maintenir son indépendance notamment pour la vente des hydrocarbures », relève ainsi le ministère français des Affaires étrangères.

Les déclarations sur un partenariat stratégique entre Moscou et Bakou sont nombreuses… Mais elles n’ont jamais été suivi d’effet. En outre, l’Azerbaïdjan a pris fait et cause pour l’Ukraine et n’a pas reconnu l’annexion de la Crimée par la Russie. Qui plus est, cette dernière entretient de bonnes relations avec Téhéran… Ce qui n’est pas le cas de Bakou, en raison d’un différend territorial sur les eaux de la mer Caspienne et, aussi, pour des questions religieuses (l’Iran compte une forte minorité azerie).

Par ailleurs, les bonnes relations qu’entretien l’Azerbaïdjan avec la Turquie et la Géorgie (que Bakou soutient discrétement, ce qui ne doit pas plaire à Moscou) s’explique par le fait que ces deux pays lui offrent ses principales voies d’exportation d’hydrocarbures vers l’Occident (oléoduc BTC, gazoducs BTE et TANAP).

Enfin, et il faut regarder cela sous l’angle de la relation avec l’Iran, l’Azerbaïdjan, pays à majorité musulmane, entretient aussi d’excellent rapports avec Israël, qui, dit-on, pourrait disposer de bases azerbaïdjanaises en cas de raid contre les installations nucléaires iraniennes.

Quant aux capacités actuelles de l’armée azerbaïdjanaise, elles sont largement supérieures à celles de l’Arménie. Les forces terrestres comptent, au plus, de 85.000 hommes (les sources ne s’accordent pas sur ce sujet, tout dépend si l’on compte les personnels de la garde nationale) et disposent essentiellement de matériels hérités de la période soviétique (chars T-55 et T-72) ou fournis par la Russie. Même chose pour ses forces aériennes, qui s’appuie essentiellement sur une dizaine de MiG-29 Fulcrulm et 18 Su-25 Frogfoot. Leur point fort est assurément les hélicoptères (une centaine en dotation… mais dans quel état?)

Depuis quelques années, Bakou cherche à diversifier ses approvionnements. Et le bénéficiaire est Israël, qui lui a ainsi vendu récemment pour 1,6 milliard de dollars de matériels militaires, dont 5 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Heron et 10 Hermes 450.

S’agissant des forces navales, elles sont le parent pauvre de l’armée azerbaïdjanaise, avec seulement 2.000 marins environ. Elles comptent une seule frégate (de classe Petya, conçu dans les années 1960), certes récemment modernisée. Le reste de la flotte se compose de quelques patrouilleurs et de vedettes rapides.

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