La « francisation » des futurs drones Reaper de l’armée de l’Air n’a toujours pas été acceptée par Washington

Pour qu’un drone acheté « sur étagère » puisse évoluer dans le ciel européen, il est nécessaire qu’il obtienne une certification délivrée par l’Agence européenne de sécurité aérienne. Et pour cela, il faut pouvoir disposer de certains éléments techniques de son constructeur et être en mesure de lui apporter les modifications nécessaires le cas échéant.

Faute de quoi, l’on prend le risque de connaître le même désagrément que l’Allemagne, qui a dû renoncer à ses appareils EuroHawk, développés en collaboration avec Northrop Grumman, après y avoir investi plusierus centaines de millions d’euros.

Mais avoir la possibilité d’adapter la charge utile d’un drone acquis dans ces conditions aux besoins nationaux. Dans le cas des 12 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper que la France entend ne se procurer auprès du constructeur américaine General Atomics, l’enjeu est de pouvoir modifier la liaison à portée optique (LOS) et d’intégrer des capteurs et des radars fournis par des entreprises françaises et/ou européennes.

Cette « francisation » des Reaper est donc primordiale. Seulement, pour le constructeur, il est toujours délicat de vouloir modifier un appareil qui marche… Ainsi, dans le cas des drones Harfang, que les appareils américains vont remplacer, cette opération – qui plus est coûteuse – a expliqué presque à elle seul les retards (4 ans!) que ce programme d’équipement a connus avant son aboutissement en 2008.

Seulement, et alors que les deux premiers Reaper seront déployés avant la fin de cette année – au plus tôt – au Sahel et mis en oeuvre par l’Escadron de drones 1/33 Belfort, qui a envoyé, à cette fin, des équipages s’entraîner aux Etats-Unis, Wahsington n’a pas encore donné son feu vert à cette « francisation ». Interrogé par la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, s’en est ainsi expliqué.

« Nous avons demandé aux Américains la certification aéronautique permettant aux appareils de fonctionner dans l’espace aérien européen – ce qui les surprend toujours, car l’espace aérien est si étendu aux États-Unis que ses parties civile et militaire peuvent être séparées », a-t-il avancé. « En outre, a-t-il poursuivi, nous souhaitons qu’une étude soit conduite sur la francisation ou l’européanisation de capteurs, de moyens de transmission et d’outils de sécurisation des communications; cette proposition n’a pas encore été acceptée ».

Les Britanniques n’ont pas modifié les 10 Reaper en service au sein de la Royal Air Force. Ces appareils ne sont donc pas autorisés à voler au Royaume-Uni. Ce qui n’est pas sans poser quelques soucis. Ainsi, les tests visant à adapter le missile Brimstone sur ces appareils doivent être menés à Nellis, dans le Nevada…

Aux Pays-Bas, l’approche est différente. Pour le moment, La Haye n’a sélectionné aucun appareil, une possible acquisition étant prévue à l’horizon 2015-2016. Mais en coulisse, Fokker Technologies a pris les devants en signant un memorandum avec General Atomics afin d’adapter le Reaper aux normes néerlandaises pour obtenir le certificat de navigabilité indispensable pour évoluer dans le ciel européen.

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