Le 19 mars devient la journée du souvenir de la guerre d’Algérie

Alors que la guerre en Algérie donne encore lieu, plus de 50 ans après, à des tensions, était-il opportun de revenir sur la décision de faire de chaque 5 décembre une journée du souvenir dédiée à ce conflit?

C’est en tout cas ce qu’a fait le Sénat, après avoir adopté, par 181 voix contre 155, une proposition de loi socialiste visant à faire du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en 1962, une « journée nationale du souvenir à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Et comme ce texte avait été voté dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale en janvier 2002, il a donc été adopté défitivement par le Parlement.

« Oui, le 19 mars, qui rencontre une adhésion massive tous courants politiques confondus, s’affirme bien être la seule date historique, sur le modèle des autres conflits, pour rendre hommage aux morts civils et militaires de cette guerre. Aucune autre date ne peut légitimement s’y substituer, surtout pas la date arbitraire du 5 décembre, devenue en 2003, par la volonté du Président Jacques CHIRAC, la date officielle de commémoration, reléguant le 19 mars au rang de ‘cérémonie associative' », peut-on lire dans l’exposé des motifs de cette proposition de loi.

En fait; parler « d’adhésion massive tous courants politiques confondus » paraît bien excessif étant donné que le choix du 19 mars a toujours été une source de polémique. Entre la gauche et la droite pour commencer. Et puis entre la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie (FNACA, 350.000 membres) et les autres associations de vétérans.

Le 5 décembre avait été retenu en 2003 par la commission Favier, laquelle avait écarté le 19 mars étant donné que, comme le firent valoir des associations d’anciens combattants, le cessez-le-feu ne mit pas un terme aux violences en Algérie, notamment quand l’on pense à ce qui est arrivé aux Harkis. Par ailleurs, la campagne concernant ce théâtre d’opérations s’est officiellement terminée le 2 juillet 1962, date de l’indépendance algérienne.

Alors pourquoi avoir choisi le 5 décembre? Tout simplement parce que cette journée correspondait avec la date de l’inauguration du monument national érigé quai Branly, à Paris, à la mémoire des soldats morts en AFN de 1952 à 1962.

Or, pour les opposants à cette date, le 5 décembre n’est pas « crédible », dans la mesure où cette journée ne correspond à aucun moment historique lié aux opérations en Algérie. D’où la mise à l’ordre du jour du Sénat de la proposition de loi de janvier 2002. « Le 19 mars est un moment de recueillement pour toutes les victimes qui ont oeuvré dans le respect des lois de la République » a ainsi expliqué le rapporteur socialiste Alain Nerri.

Les sénateurs UMP ont vivement dénoncé cette proposition de loi. « Si les accords d’Evian officialisent le cessez-le-feu en Algérie, le 19 mars ne fut malheureusement pas synonyme de paix en Algérie. Après cette date, on dénombre : 145 tués, 162 disparus, et 422 blessés dans les rangs de l’armée française ; de 60 000 à 150 000 tués chez les Harkis » ont-ils fait valoir, dans un communiqué.

L’affaire ne devrait pas en rester là étant donné que les sénateurs UMP, parlant d’un « brouillage démocratique » ont annoncé leur intention de saisir le Conseil constitutionnel. « En décidant d’adopter sans modification un texte transmis par l’Assemblée nationale dix ans auparavant, le gouvernement et la majorité sénatoriale empêchent la représentation nationale de se prononcer à nouveau dans sa composition actuelle », écrivent-ils, en dénonçant « un brouillage démocratique », ont-ils expliqué.

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