M. Le Drian promet une « nouvelle stratégie » pour la prise en charge des troubles de stress post-traumatique

Le phénomène des troubles de stress post-traumatique (PTSD) n’est pas nouveau. Ainsi, aux Etats-Unis, il est estimé que 20% des militaires déployés sur un théâtre d’opérations extérieur en sont affectés. Ces blessures « invisibles » se traduisent par des cauchemars, des hallucinations, de l’irritabilité ou encore des comportements suicidaires et addictifs.

Ces troubles sont notamment causés par la tension nerveuse ressentie par un soldat tout au long de sa mission et aussi par les horreurs qu’il a pu voir, comme cela a pu être le cas pour ceux qui ont été envoyés au Rwanda, en ex-Yougoslavie ou, plus récemment, en Afghanistan. Selon les médecin, de tels symptômes sont en général décelés entre le 3 et 6 mois après le retour du militaire. Mais il arrive qu’ils apparaissent beaucoup plus tard.

Consciente de ce problème, l’armée française a mis en place un dispositif censé prévenir ce risque de blessures invisibles. Les militaires y sont ainsi sensibilisés avant chaque départ sur un théâtre d’opérations extérieur, où ils trouveront, sur place, un psychologue de la Cellule d’intervention et de soutien psychologique de l’armée de Terre (CISPAT), comme c’est le cas en Afghanistan.

Par ailleurs, ce dispositif fait appel à des « officiers d’environnement humain » (OEH), formés par le Service de santé des armées (SSA), au médecin d’unité, ainsi qu’à un « référent section », chargé de veiller sur ses camarades afin de détecter éventuellement des signes avant-coureurs de PTSD. Enfin, les aumôniers ont également un rôle à jouer.

Une fois la mission de combat terminée, les militaires français qui ont été affectés en Afghanistan passent par un « sas de décompression », situé à Chypre, où ils peuvent parler de ce qu’ils ont vu et vécu lors de « débriefings médico-psychologiques ».

Cela étant, pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il reste encore beaucoup à faire en la matière. Ainsi, lors du colloque intitulé « Faire face aux blessures invisibles : une approche psychosociale des traumatismes de guerre », organisé les 23 et 24 octobre à l’Hôtel des Invalides, à Paris, par le Centre de Recherches des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan et la revue Inflexions, il a indiqué que 550 militaires français sont actuellement suivis pour des troubles psychiatriques par le SSA, soit 150 de plus que les chiffres jusque-là officiellement avancés.

« Il a fallu attendre la première guerre du Golfe, le Rwanda et surtout l’Afghanistan pour que ces blessures invisibles nous interpellent à nouveau, cette fois de façon décisive » a ainsi affirmé Jean-Yves Le Drian, dont les propos ont été rapportés par le quotidien Le Monde (qui a publié, à ce sujet, une enquête remarquable de Nathalie Guibert). « L’enjeu est de lever ce voile d’invisibilité qui pèse encore, pour une part, sur ces traumatismes dont on ne soulignera jamais assez la gravité » a-t-il poursuvi.

Et compte tenu du « volume » et de « l’intensité des combats auxquels nos soldats ont été soumis en Afghanistan », il est à craindre que le nombre de « blessés psychiques » va augmenter.

« Plusieurs centaines de personnes atteintes au moins seront à traiter dans les années qui viennent » a estimé le ministre. Ce qui est probable, étant donné que 30.000 militaires français ont été impliqués dans des combats en Kapisa et en Surobi au cours de ces 4 dernières années.

Aussi, pour M. Le Drian, cela « impose une nouvelle stratégie » afin de donner plus de cohérence aux initiatives prises par l’armée dans ce domaine, pour une meilleure prise en charge des soldats victimes de troubles psychiques. Cela étant, beaucoup d’entre eux hésitent à parler de ce qu’ils ont vécu. Par méfiance à l’égard du médecin et du psychologue, par crainte d’être jugés par les autres ou que soit prononcée leur inaptitude.

Quoi qu’il en soit, le ministre a promis la mise en place prochain d’un numéro vert pour permettre aux familles de militaires affectés par ces troubles de se faire reconnaître ainsi qu’une meilleure coordination du SSA, des assurances et du monde associatif pour améliorer la prise en charge des patients.

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