L’Ecole de l’air vise Mars pour atteindre les étoiles
En juillet 2010, le Commandement interarmées de l’Espace fut officiellement lancé par le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud. La création de cette unité répondait aux recommandations du Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN) , lequel faisait de la maîtrise de l’Espace un enjeu stratégique.
Concernée au premier chef par ces questions, l’Ecole de l’air de Salon de Provence a ainsi mis en place de nouvelles formations liées au domaine spatial tout en s’impliquant dans des coopérations internationales, comme celle appelée EuroMoonMars, qui rassemble également l’Agence spatiale européenne (ESA), l’International Lunar Exploration Working Group (ILEWG) et la Mars Society.
L’objectif d’EuroMoonMars est le même que celui du projet russe Mars500, c’est à dire qu’il s’agit de simuler sur Terre les conditions qu’un éventuel équipage aura à affronter lors d’une mission aller-retour sur la planète rouge. Un tel cas de figure pourrait se présenter dans les années 2035. Et encore, rien n’est moins sûr…
Quoi qu’il en soit, et pour la seconde fois, 6 élèves de l’Ecole de l’air (promotion général de Marmier) ont été envoyés dans le désert de l’Utah, aux Etats-Unis, où la Mars Society dispose d’une sorte de module circulaire de 8 mètres de diamètres et monté sur 2 étages, appelé « Mars Desert Research Station ».
Le principe de l’expérience à laquelle ils ont participé est simple : les élèves officiers, répartis dans deux équipes, ont passé 14 jours dans le module, et cela, en toute autonomie. Et comme il est question de simuler une mission « martienne », les sorties ne sont possibles qu’après avoir revêtu une combinaison et un casque et être passé par des compartiments pressurisé. Et pour que la simulation soit la plus réaliste possible, les conditions de vie à l’intérieur de cet habitat sans semblables à celles que l’on pourrait avoir dans un module spatial.
Ainsi, deux expériences ont pu être réalisées par les aspirants. La première, indique l’Ecole de l’Air, a consisté à « décrire et à mettre à en place des routines opérationnelles et organisationnelles, afin de préparer au mieux les équipages sur Terre aux tâches à effectuer dans l’espace ».
La seconde a mis l’accent sur la préparation de l’arrivée d’un nouvel équipage alors que l’ancien aura quitté le module. « Il faut avoir à l’esprit que les créneaux de lancement d’une fusée habitée entre la Terre et Mars ne permettront pas la rencontre des deux équipages sur place, comme c’est pour le moment le cas dans la Station spatiale internationale » explique l’Ecole de l’Air, qui avance par ailleurs que les « compétences de l’Armée de l’air, en termes de retour d’expérience et de reconnaissance, permettent d’envisager des moyens de communications innovants dans cette transmission d’information ».
Les résultats de ces expériences seront ensuite analysés dans des mémoires, lesquels resteront « disponibles aux Écoles d’officiers de l’armée de l’air ». Il est aussi prévu d’aller encore plus loin dans cette opération. En effet, des aspirants doivent se rendrent à La Réunion pour y superviser la construction d’un module similaire au Mars Desert Research Station, pendant que d’autres travailleront dans les bureaux d’études de Sup’Aero (désormais Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace) et de l’ESTEC afin d’améliorer l’interface Homme/Machine.
Cela étant, en l’état actuel des choses, il n’y a que très peu de chances pour que l’Union européenne envoie d’ici 2035 une mission vers la planète rouge. Mais ne dit-on pas qu’il « faut toujours viser la lune pour, en cas d’échec, atteindre les étoiles »?. Alors raison de plus avec Mars…