Le président Obama a fixé les priorités de l’armée américaine pour les 10 prochaines années
Avec 487 milliards d’économies à réaliser au cours des dix prochaines années, auxquelles s’ajouteront, peut-être, 600 autres milliards de coupes automatiques si aucun accord n’est trouvé au Congrès pour réduire les dépenses publiques américaines, le Pentagone doit revoir ses priorités.
Et le président Obama les a détaillées, le 5 janvier, sans pour autant avoir donné de chiffres concernant le nouveau format qu’auront les forces américaines. « Oui, notre armée sera amaigrie, mais le monde entier doit le savoir : les États-Unis vont maintenir leur supériorité militaire avec des forces armées qui seront agiles, flexibles et prêtes à réagir à l’ensemble des circonstances et des menaces » a-t-il déclaré.
Ainsi, les forces terrestres américaines devraient faire les frais de la rigueur budgétaire annoncée, étant donné que le conflit irakien est terminé pour Washington et que la transition est amorcée en Afghanistan. Il ne s’agira plus, à l’avenir, de mener des guerres de contre-insurrection, à la fois coûteuse humainement et financièrement, comme cela a été le cas depuis le débuts des années 2000. Selon des chiffres qui circulent, il serait question de faire passer les effectifs de l’US Army de 570.000 à 490.000 hommes et de diminuer ceux du Corps des Marines de 15.000 à 20.000.
L’US Navy et l’US Air Force, jugées plus à même de répondre aux menaces éventuelles représentées par la Chine et l’Iran, devraient être préservées. Pour l’aviation américaine, qui a été mise à rude épreuve au cours des dix dernières années (Kosovo, Afghanistan, Irak), sans pour autant renouveler son potentiel, c’est plutôt une bonne nouvelle, même si le programme F-35 Joint Strike Fighter devra toutefois être étalé, etant qu’il est question de reporter la livraison de 120 appareils après 2017. Par ailleurs, l’effort sera maintenu en matière de cyberdéfense et de renseignement, notamment d’origine spatial.
Cette évolution marque la fin du concept « win-win », qui garantissait à l’armée américaine de disposer de la capacité de livrer et de gagner deux conflits simultanément. Désormais, l’on parle de concept « win-spoil », qui consiste à mener une guerre sur un premier front et de contenir un adversaire potentiel sur un second.
Concrètement, l’armée américaine devra être en mesure de dissuader et de vaincre un éventuel agresseur, de disposer d’une capacité de projection de puissance susceptible de contourner les stratégies d’interdiction d’accès, opérer dans le cyber-espace, maintenir la dissuasion nucléaire – le format des forces stratégiques pourrait être revu à la baisse – et mener des opérations intérieures au profit des autorités civiles, de stabilisation et de contre-insurrection sur un délai court et humanitaires.
Comme l’on pouvait s’y attendre, la région Asie-Pacifique sera une priorité pour l’armée américaine, de même que le Moyen Orient. En revanche, des réductions d’effectifs sont envisagées en Europe. Pour autant, le président Obama a promis que Washington continuerait « d’investir dans de très importants partenariats et alliances, dont l’Otan, qui a une fous de plus démontre (son efficacité) récemment en Libye ».
Cela étant, Barack Obama a fait valoir que « le budget de la Défense restera plus important que ce qu’il était à la fin de l’administration Bush ». « Certains diront que les réductions sont trop importantes, d’autres qu’elles sont trop faibles », a-t-il souligné. Et comme les Etats-Unis sont entrés en campagne électorale, les critiques à l’égard du locataire de la Maison Blanche ne manqueront pas.
« Le président a été clair, et j’ai été clair sur le fait que les économies que nous devons trouver soient décidées en fonction de la stratégie et d’une analyse rigoureuse et non pas des seuls chiffres », a déclaré, aux cotés de Barack Obama, Leon Panetta, le secrétaire à la Défense, lors d’une conférence de presse, afin de déminer le terrain.
Et si le républicain John McCain, qui est membre du comité des forces armées au Sénat, a fait savoir qu’il étudierait soigneusement les mesures avancées par le président Obama avant de porter un jugement, un autre membre de sa famille politique, le représentant Buck McKeon, a pris moins de précaution.
« Une stratégie honnête et valable pour la défense nationale ne peut pas être fondée en supposant que nous devons faire faire plus avec moins, ou même moins avec moins » a ainsi déclaré le président du comité des forces armées à la Chambre des représentants, pour qui il faut adapter les ressources aux menaces et non l’inverse.
Quoi qu’il en soit, même avec des réductions de crédits d’au minimum 487 milliards de dollars pour les dix ans qui viennent, le budget du Pentagone restera supérieur au total de ceux des 10 pays qui consacrent le plus de moyens à leur défense derrière les Etats-Unis.