Pour le ministre britannique de la Défense, la Russie reste une menace potentielle

Le président Obama a ainsi clairement annoncé la couleur : pour les 10 prochaines années, la priorité des Etats-Unis sera la région Asie-Pacifique et non plus l’Europe. Invité à s’exprimer le 5 janvier devant l’Atlantic Council, le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a estimé que le Vieux Continent n’était pas pour autant à l’abri de tensions potentielles. Et de citer la Russie comme possible fauteur de trouble.

« Si les Etats-Unis vont davantage porter leur attention sur la région Asie-Pacifique, comment sera assurée la sécurité de l’arrière-cour? » s’est-il demandé. « Comment s’assurer que la Russie est enfermée dans un système de gouvernance mondiale et de collaboration, ce qui signifie que nous pouvons coexister pacifiquement et résoudre nos différends par le biais de structure qui ne génèrent pas de conflit? » a-t-il poursuivi.

« Je ne suis pas sûr que nous avons une réponse à cette question encore » a-t-il conclu. Et d’ajouter : « Cela va être l’un des grands défis : comment cette relation sera gérée à l’avenir? » Car pour le ministre britannique, l’on ne « pas oublier que bien que la menace soviétique ait disparu, la Russie, en tant que nation, existe encore. Et qu’elle est un acteur mondial important aux intentions qui « ne sont pas entièrement claires ou prévisibles à ce stade ».

Plusieurs éléments peuvent expliquer l’inquiétude exprimée par Philip Hammond. Tout d’abord, la crainte qu’inspire la Russie aux Etats baltes. En septembre dernier, le chef d’état-major des armées estonien s’est dit préoccupé par la montée en puissance de l’armée russe dans la région. Et d’ailleurs, l’Otan dispose de plans de défense (appelés Aigle Gardien) pour les protéger d’une éventuelle agression.

En guise d’autres exemples, l’on pourrait citer le retrait russe du traité FCE, la rhétorique utilisée récemment par le président russe, Dmitri Medvedev, et par son Premier ministre, Vladimir Poutine, laquelle évoque ouvertement la reprise de la course aux armements si Moscou n’obtient pas satisfaction au sujet du bouclier antimissile souhaité par l’Otan ou encore la menace de déployer des missiles Iskander dans la région de Kaliningrad. Et à cela, l’on pourrait aussi ajouter les tensions qui ne manqueront pas de survenir quand il faudra exploiter les richesses minières de l’Arctique…

Voilà pourquoi la Russie pose peut-être, pour le ministre britannique de la Défense, « le défi stratégique le plus important » pour l’Europe. Reste à voir si cette analyse sera partagée le Sécrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale (SGDSN), qui doit publier prochainement un document portant sur l’évolution du contexte stratégique afin de réviser le Livre blanc de 2008.

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