Libye : La rébellion affirme progresser à Brega et demande de l’aide à la France pour Misrata

La rébellion libyenne a annoncé, le 18 juillet, s’être emparée des abords du terminal pétrolier de Brega, qui, situé à 750 km à l’est de Tripoli, a une importance stratégique puisqu’il permettrait aux insurgés d’écouler la production des sites pétroliers qu’ils contrôlent. « Je comprends, sans pouvoir confirmer, que les résistants libyens sont en phase de contrôle de la totalité de la ville », a indiqué, le lendemain, Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« Les troupes d’élites (des forces loyalistes) se sont retirées. Elles sont parties. Les soldats qui restent dans la ville sont coincés » a déclaré Abdelrazag Elaradi, un membre du Conseil national de transition (CNT). Il ne resterait plus que 150 à 200 soldats des troupes régulières dans le terminal pétrolier, toujours selon les dires de la rébellion.

Le régime du colonel Kadhafi a démenti les affirmations des rebelles. « Nos braves soldats sont à Brega, par milliers, et contrôlent la ville totalement » a assuré, le 19 juillet, Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement libyen.

En fait, la situation semble plus compliquée. Depuis leur offensive, les rebelles ont eu au moins 50 tués dans leurs rangs, dont plus de la moitié rien que pour la veille. A noter que des hélicoptères de l’Otan (français ou britanniques) ont attaqué des convois des forces régulières qui tentaient de rejoindre Brega. De leur côté, les troupes loyalistes auraient creusé des tranchées remplies de produits inflammables, déposé des mines et pris position sur des sites leur permettant de rester à portée de tir des assaillants.

Dans l’ouest du pays, les rebelles venus du djebel Nefoussa continuent de renforcer leurs positions avant de marcher sur Tripoli, après avoir repoussé plusieurs assauts des troupes loyalistes. Leurs chefs espèrent lancer leur offensive avant le ramadan, qui aura lieu en août.

Cela étant, il serait illusoire de penser que les insurgés du djebel Nefoussa, au nombre de 2.000 et quoique bien armés grâce aux livraisons françaises, puissent s’emparer d’une ville aussi importante que Tripoli par eux-mêmes.

Pourtant, la capitale libyenne est l’objectif de la rébellion. Les chefs militaires insurgés de Misrata, située à 200 km à l’est de Tripoli, l’ont rappelé lors d’une réunion organisée par l’entremise du philosophe Bernard-Henri Lévy, ce 20 juillet à l’Elysée, avec le président Sarkozy.

« Les clés de Tripoli sont à Misrata parce que les combattants de Misrata sont disciplinés, aguerris et qu’ils ont avec eux un atout : une victoire militaire déjà obtenue » a déclaré l’intellectuel. Enfin, cela reste à voir, même s’il est vrai qu’ils ont tenu tête aux forces du colonel Kadhafi, qui ont assiégé Misrata pendant près de deux mois…

Toujours est-il que les chefs des rebelles de Misrata, le général Ramadan Zarmuh et les colonels Ahmed Hashem et Brahim Betal Mal, ont émis le souhait d’obtenir une aide équivalente à celle reçue par leurs homologues du Djebel Nefoussa. Est-ce que cela pourrait-il leur permettre de faire tomber Tripoli? Encore une fois, rien n’est moins sûr… D’où la recherche d’une solution diplomatique, avec des exigences revues à la baisse. Ainsi, la France notamment, demande au guide libyen de quitter seulement le pouvoir et non de partir en exil… « La question n’est plus de savoir si Kadhafi doit ou va partir, mais quand et comment », a ainsi déclaré Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, qui a en effet précisé que le colonal Kadhafi pourrait rester en Libye sous réserve de renoncer à toute activité politique. Dans ce cas, un cessez-le-feu serait envisageable.

Par ailleurs, le dispositif de l’opération Harmattan (nom donné à la participation française à la mission Unified Protector de l’Otan) a évolué au cours de ces derniers jours. Ainsi, les Mirage 2000-5 déployés à La Sude, en Crète, ont été retirés des opérations, de même que les Mirage F1 CR., qui opéraient depuis Solenzara.

Désormais, 6 Mirage 2000D et 6 Mirage 2000N poursuivent leurs missions d’interdiction aérienne et de frappe au sol depuis la base grecques, pendant que 5 Rafale en font de même depuis Sigonella en Sicile. Ces appareils sont renforcés par ceux du porte-avions Charles de Gaulle (Rafale, Super Etendard Modernisés et Hawkeye). Quant au groupe aéromobile, il a quitté le BPC Tonnerre pour embarquer à bord du BPC Mistral et a reçu le renfort des Caracal de l’armée de l’Air venus du fleuron de la Marine nationale. A noter également que la Royal Air Force a engagé 4 avions supplémentaires dans les opérations.

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