Le général serbe Ratko Mladic a été arrêté

 

C’est une nouvelle page de la guerre des Balkans qui vient d’être tournée. Près de 3 ans après l’arrestation de Radovan Karadzic, l’ancien président des Serbes de Bosnie, Belgrade a annoncé celle du général Ratko Mladic, recherché depuis 1995 par la justice internationale pour avoir commis des crimes contre l’humanité dans le cadre d’une opération de nettoyage éthnique.

Selon les médias serbes, le général Mladic aurait été interpellé dans le village de Lazarevo, dans le nord de la Serbie, sous l’identité de Milorad Komadi. Il a été formellement identifié grâce à des analyses ADN.

Le général Ratko Mladic est né en mars 1942 à Kalinovic, dans l’est de la Bosnie. Le meurtre de son père, un paysan communiste, commis par des oustachis, des miliciens croates pro-nazis, nourrira sa haine féroce contre tout ce qui n’est pas serbe en Yougoslavie.

A l’âge de 15 ans, il est admis dans une école militaire. A partir de là, il va gravir tous les échelons de la hiérarchie, après avoir diplômé de l’Académie des officiers, dont il sort diplômé en 1965. Bien noté, il obtient ses galons de lieutenant-colonel en 1980, puis ceux de colonel 6 ans plus tard.

L’éclatement de la fédération yougoslave va raviver en lui ses haines et l’amener à adhérer aux thèses nationalistes en vigueur à Belgrade, lesquelles font la promotion d’une « grande Serbie ».

Affecté dans un premier temps en Croatie où il a pour mission d’organiser les séparatistes serbes de la Krajina, il est envoyé par Slobodan Milosevic en Bosnie-Herzégovine pour y prendre la tête des forces serbes. Il est alors promu général.

Son action y sera pour le moins efficace. Il réussit à fédérer les differentes milices serbes et à constituer ainsi une armée qui arrivera à prendre le contrôle de 70% du territoire bosnien. Mais cette progression s’accompagne d’exactions, de viols et de déportation de dizaines de milliers de personnes. A l’époque, l’on parle de « purification éthnique », une expression que l’on croyait à jamais bannie en Europe depuis la fin de l’Allemagne nazie.

C’est ainsi qu’il organisera le siège de Sarajevo (11.700 morts en 44 mois) pendant qu’il établira un couloir dans le nord de la Bosnie, le « corridor de Posavina », afin de relier la Serbie aux territoires contrôlés par ses miliciens. En juillet 1995, il organise le massacre de plus de 8.000 musulmans à Srebrenica. Par ailleurs, le général Mladic n’a pas hésité à retenir en otage des casques bleus de la FORPRONU, ni même à les prendre pour cible. (Qu’il soit permis de rappeler, ici, que 84 soldats français ont été tués au cours des guerres en ex-Yougoslavie, dans une relative indifférence en France…)

Commandant charismatique aux yeux de ses hommes (et même pour ceux de la FORPRONU qui ont eu l’occasion de le croiser), le général Mladic était recherché depuis 1995, année des accords de Dayton, lesquels ont mis fin au conflit en Bosnie, pour qu’il puisse répondre de ses crimes.

Protégé par Slobodan Milosovic jusqu’à la chute de ce dernier en octobre 2000, le général Mladic est par la suite entré en clandestinité. Selon un rapport des services de renseignements publié en 2006 à Belgrade, il aurait bénéficié d’une protection de l’armée serbe au moins jusqu’en 2002.

L’année suivante, une opération de la SFOR (force de stabilisation de l’Otan en Bosnie) montée pour l’interpeller se solde par un échec.

Seulement, l’arrestation du général Mladic étant une condition pour une adhésion future de la Serbie à l’Union européenne, le gouvernement serbe a accentué ses efforts pour le retrouver à partir de 2006. Et peu à peu, l’étau va se resserrer autour de lui. Ainsi, l’ex-colonel Stanko Ristic, soupçonné de l’avoir aidé dans sa fuite, est arrêté la même année, de même que Ratko Vucetic, l’un de ses complices présumés.

En 2007, le général des serbes de Bosnie Zdravko Tolimir est interpellé à son tour. Figurant sur la liste des fugitifs réclamés par le TPIY, il aurait été un membre du réseau ayant permis au général Mladic d’échapper aux autorités de Belgrade.

De fil en aiguille, la cavale du « boucher des Balkans » aura pris fin ce 26 mai, après l’acquittement, toutefois, de 10 personnes accusées de l’avoir aidé dans sa fuite. Cet événèment a lieu alors que la Commission européenne doit émettre, en octobre prochain, une recommandation visant à accorder ou pas à la Serbie le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE.

Désormais, il ne reste plus qu’une seule personne recherchée par le TPIY pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il s’agit de Goran Hadzic, 52 ans, l’ancien président la République serbe autoproclamée de Krajina (Croatie).

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