Afghanistan : Le Pentagone veut faire la guerre aux trafiquants de drogue
Depuis la chute des taliban, à la fin de l’année 2001, rien n’a été entrepris par les forces de l’opération Enduring Freedoom, sous commandement américain, pour éviter la reprise de la production de pavot dans le sud de l’Afghanistan.
Ainsi, en 2006, il avait été estimé que ces cultures dans ces provinces, et en particulier dans celle du Helmand, assurait la survie d’environ 80% des paysans locaux. Près de 90% du pavot produit dans le monde, qui sert à fabriquer les opiacés, vient d’Afghanistan. Selon les Nations unies, la valeur des « exportations » de ce produit s’éleveraient annuellement à 3,4 milliards de dollars.
Bien évidemment, et sachant que le pavot est cultivé dans la zone d’influence traditionnelle des taliban, une partie de cette manne sert à financer leur guérilla, à hauteur d’envion 60 à 80 millions de dollars par an, selon les estimations. Et comme le nerf de la guerre est souvent l’argent, le Pentagone a décidé de s’y attaquer afin de couper les ressources des insurgés.
D’après un rapport de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, dont le New York Times s’est fait l’écho, les principaux trafiquants ayant des lens avérés avec les insurgés sont désormais placés sur une liste de « cible prioritaire », c’est à dire qu’il peuvent être arrêtés ou tués, au même titre que ceux qu’ils soutiennent.
« Nous avons une liste de 367 cibles à capturer, dont 50 cibles qui font le lien entre drogue et insurrection » a ainsi déclaré un général déployé en Afghanistan aux parlementaires de la Commission.
Cependant, cette disposition pourrait être sujette à polémique car elle soulève un problème de compatibilité entre les règles d’engagement et les lois internationales. Pour autant, les responsables militaires ont assuré de la légalité de cette mesure.
« Il existe une connexion bien établie entre le trafic de drogue et le financement de l’insurrection et du terrorisme » a commenté Bryan Whitman, un porte-parole du Pentagone. « Nous visons les terroristes qui sont liés au trafic de drogue, pas les trafiquants liés au terrorisme » a-t-il expliqué, sans d’ailleurs, confirmer l’existence de la liste évoquée par le rapport du Sénat.
Photo : Champ de pavot en Afghanistan (c) Otan