Le Japon confirme son ambition de doubler ses dépenses militaires

Le Japon va-t-il redevenir une grande puissance militaire? En effet, ayant des différends territoriaux avec la Chine et la Russie [avec laquelle il n’a toujours signé de traité de paix depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale] tout en étant à portée de tir des missiles nord-coréens, l’archipel a amendé sa Constitution d’essence pacifiste afin de mettre en oeuvre son concept « d’auto-défense collective » et augmenté sans discontinuer ses dépenses de défense depuis 2012.

La situation internationale s’étant encore dégradée, avec le rapprochement de la Chine et de la Russie et le développement de l’arsenal nord-coréen, le Parti libéral démocrate [PLD], dont est issu l’actuel Premier ministre japonais, Fumio Kishida, avait proposé de doubler les dépenses militaires lors des élections législatives d’octobre 2021.

Cependant, cette promesse ne s’est pas, pour le moment, traduite dans les faits, le ministère nippon de la Défense ayant demandé une hausse de seulement 2% de son budget pour l’exercice 2023. Soit une enveloppe de 40 milliards d’euros environ.

Cela étant, M. Kishida semble déterminé à s’affranchir franchement d’une règle qui tacitement adoptée par l’ensemble de la classe politique japonaise dans les années 1970, veut que les dépenses militaires de l’archipel ne doivent pas dépasser la limite de 1% du PIB.

Au début de ce mois, M. Kishida a ainsi promis qu’il renforcerait les « capacités militaires », et notamment navales, du Japon. « Nous devons nous préparer à une ère où des acteurs émergent, désobéissant aux règles et utilisant la force ou les menaces pour détruire la paix et la sécurité d’autres nations », a-t-il alors justifié. « Nous allons accélérer les discussions réalistes sur ce qui est nécessaire pour défendre notre peuple en gardant toutes les options sur la table », a-t-il ensuite ajouté, avant d’insister sur l’urgence de la situation.

« L’environnement de sécurité nationale entourant notre nation devient plus sévère, notamment en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale », a fait valoir le chef du gouvernement japonais, en se gardant de désigner Pékin.

Quoi qu’il en soit, ce 28 novembre, après avoir eu une réunion avec M. Fushida et son homologue des Finances, Shunichi Suzuki, le ministre japonais de la Défense, Yasukazu Hamada, a confirmé l’objectif de porter le niveau des dépenses militaires du pays à environ 2% du PIB.

« Compte tenu de la situation actuelle en matière de sécurité, nous devons renforcer d’urgence les dépenses de défense en cinq ans », a déclaré M. Hamada à la presse. Et M. Kushida « nous a demandé de tout mettre en œuvre pour obtenir rapidement et fermement les fonds nécessaires », a-t-il continué.

Même si la dette japonaise est principalement détenue par les institutions financières de l’archipel, il n’en reste pas moins que des réformes budgétaires, tant au niveau des recettes que des dépenses, seront nécessaires pour financer et sécuriser cet effort sans précédent en faveur des forces d’autodéfense nippones.

Évidemment, une telle augmentation des dépenses militaires pourrait profiter aux industriels américains mais aussi favoriser la base industrielle et technologique de défense [BITD] japonaise… Et sans doute sera-t-elle plus compétitive qu’elle ne l’est actuellement. Toutefois, la question sera de savoir si les forces d’autodéfense pourront « absorber » une hausse aussi rapide de leurs ressources, celles-ci devant dépasser les 80 milliards d’euros d’ici 2027.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]