La Biélorussie affirme avoir abattu des missiles tirés depuis l’Ukraine vers son territoire

Le 25 juin, Kiev a affirmé que des bombardiers stratégiques russes Tu-22M3 avaient lancé des missiles de croisière Kh-22 [ou Kh-32] en direction des régions de Tchernihiv, Kiev et Soumy alors qu’ils volaient dans l’espace aérien de la Biélorussie. Ce qui ne s’était alors jamais produit depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En outre, le renseignement ukrainien a également fait état d’une salve d’au moins huit missiles balistiques Iskander tirés par les forces russes depuis le territoire biélorusse.

Le même jour, à Saint-Petersbourg, le président de la Biélorussie, Alexandre Loukatchenko, a eu la confirmation auprès du chef du Kremlin, Vladimir Poutine, que ses troupes seraient prochainement dotées de missiles Iskander-M, soit le même modèles mis en oeuvre par les forces russes. Et qu’un programme de modernisation des avions d’attaque Su-25 « Frogfoot » bélorusses allait être lancé.

Quoi qu’il en soit, Kiev a accusé Moscou de chercher à impliquer directement Minsk dans la guerre en utilisant le territoire biélorusse pour lancer des attaques contre l’Ukraine.

Or, si l’on s’en tient aux définitions des Nations unies, en accordant des facilités aux forces russes, notamment lors de la première phase de l’invasion, la Biélorussie peut être considérée comme étant « coupable de complicité d’agression ». Et cela, même si aucun soldat biélorusse n’a mis le pied en Ukraine…

Cela étant, étant donné sa proximité stratégique et militaire avec la Russie, la Biélorussie va-t-elle s’engager directement dans la guerre en Ukraine? Une telle hypothèse a été avancée dès le début de la guerre. En effet, un tel engagement serait envisageable pour couper l’approvisionnement en armes occidentales des forces ukrainiennes. Voire, si la situation se dégrade davantage, pour mener des opérations dans le passage de Suwalki, seul lien entre les pays baltes et le reste des pays de l’Otan. Probablement que l’armée bioélorusse s’y est préparée avec son homologue russe, dans le cadre des exercices Zapad, organisés tous les quatre ans.

En attendant, Minsk n’aurait aucune raison de s’impliquer directement dans la guerre en Ukraine. Sauf à trouver un prétexte, comme le suggèrent les propos tenus par M. Loukachenko, le 2 juillet.

« On nous provoque. Je dois vous dire qu’il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l’Ukraine de frapper des cibles militaires en Biélorussie. Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes », a en effet déclaré le président Biélorusse, lors d’une cérémonie organisé à la veille de la « Fête de l’indépendance », qui commémore la libération de Minsk par l’Armée rouge, en 1944.

À noter que le système anti-aérien Pantsir n’est entré en service que très récemment au sein des forces biélorusses. Une batterie aurait été livrée le 22 juin dernier, en même temps qu’un nouveau lot de lanceurs de missiles pour le système de défense aérienne S-300.

« Je vous le répète, comme je l’ai dit il y a plus d’un an, nous n’avons pas l’intention de combattre en Ukraine », a cependant assuré M. Loukachenko. « Nous ne combattrons que dans un seul cas, si vous […] entrez sur notre terre, si vous tuez nos gens, alors nous répondrons », a-t-il ajouté. Une attaque de missiles ou de drones fait-elle partie de ce cas de figure?

En tout cas, le président biélorusse a prévenu. « Si seulement vous osez frapper, comme ils prévoient, Gomel, la raffinerie de Mozyr, l’aéroport de Louninets ou Brest, alors la réponse arrivera instantanément, en seulement une seconde », a-t-il dit. « Il y a moins d’un mois j’ai donné l’ordre à nos forces armées d’avoir dans le viseur, comme on dit maintenant, les centres de décisions dans vos capitales », a-t-il rappelé.

En mai, M. Loukatchenko avait en effet déclaré que les forces biéolorusses disposaient de « toules armes pour faire des dégâts, en particulier sur les territoires à partir desquels nous serons attaqués ». Et de préciser : « Ce sont les armes qui couvrent tout le territoire de la Pologne jusqu’à la Baltique, et aussi l’Ukraine, au-delà de Kiev. »

Si la Biélorusse n’a pas encore reçu les missiles Iskander-M promis par la Russie, son armée est en revanche équipée du système d’artillerie de 300 mm « Polonez » [photo ci-dessus], dont la portée va de 200 à 300 km ainsi que de missiles Tochka et Scud [ces derniers étant toutefois censés avoir été retirés du service, ndlr].

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]