La Royal Air Force s’attend à perdre un avion F-35B toutes les 30’000 heures de vol

L’épave du F-35B appartenant au No 617 Squadron de la Royal Air Force [RAF] qui s’était abîmé en Méditerranée après avoir décollé du porte-avions HMS Queen Elizabeth, le 17 novembre dernier, a pu être récupérée grâce à une opération menée conjointement par les forces britanniques, américaines et italiennes. L’annonce en a été faite ce 8 décembre, par le commandement aérien allié de l’Otan [NATO Air Command].

Selon une vidéo de l’accident diffusée sur les réseaux sociaux [ce qui va valoir des ennuis à son auteur, un marin du HMS Queen Elizabeth, ndlr], le F-35B est tombé à l’eau juste après avoir quitté le pont d’envol du porte-avions, comme s’il avait manqué de puissance pour décoller. Ce qui confirmerait ainsi une information selon laquelle un cache d’entrée d’air n’aurait pas été retiré avant son départ à mission. Pour rappel, le pilote de l’appareil avait pu s’éjecter à temps et être récupéré sain et sauf.

La piste d’une erreur humaine était d’autant plus probable qu’aucune mesure visant à restreindre les vols de F-35B ne fut prises après cet accident.

Cela étant, il aura fallu environ deux semaines pour localiser la position de l’épave de ce F-35B. Et une troisième pour la faire remonter à la surface. Sa récupération était une priorité, dans la mesure où il était hors de question qu’elle tombât aux mains des forces russes, lesquelles disposent des moyens nécessaires, notamment via leur « Direction principale de la recherche en eaux profonde ».

Pour rappel, sur les 48 F-35B qu’il a commandés jusqu’à présent, le Royaume-Uni disposait, avant cet accident de 24 appareils de ce type. En octobre, la RAF avait indiqué que ceux-ci venaient de franchir le seuil symbolique des 10’000 heures de vol.

Or, une flotte d’avions de combat se compose d’une ligne [le nombre d’appareils nécessaires pour assurer les missions et la préparation opérationnelle des équipages], d’un parc de gestion [les avions immobilisés pour des opérations de maintenance] et d’un parc d’attrition, qui vise à compenser les éventuelles pertes par accident.

« L’étude des pertes par accident permet de définir l’attrition par type d’appareil, c’est-à-dire le nombre d’avions accidentés par tranche de 10’000 heures de vol et d’évaluer son influence sur l’évolution de la flotte », explique un article de la Revue de la Défense nationale [RDN].

Quoi qu’il en soit, le secrétaire d’État britannique chargé des acquisitions dans le domaine de la défense, Jeremy Quin, a été interrogé par un député au sujet du taux d’attrition attendu pour les F-35B de la RAF.

Comment celui-ci a été calculé? Il ne l’a pas précisé [outre-Manche, les questions des parlementaires et les réponses écrites qu’ils reçoivent sont lapidaires, ndlr]. Toujours est-il que, selon M. Quin, la taille de la flotte de F-35B devra être définie en fonction de l’hypothèse de la perte accidentelle d’un avion toutes les 30’000 heures de vol. Ce qui semble optimiste, compte-tenu que l’accident dont a été victime l’appareil du No 617 Squadron est survenu au bout de 10’000 heures de vol… Et que, outre-Atlantique, deux F-35B de l’US Marine Corps ont déjà été perdus.

En attendant, le Royaume-Uni va recevoir six F-35B en 2022 et sept autres l’année suivante, les 48 exemplaires commandés devant avoir été livrés d’ici la fin 2025.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]