L’armée de Terre expérimente des exosquelettes « passifs »

Fin mars, les élèves officiers de l’École militaire interarmes [EMIA] eurent à manoeuvrer avec des robots, à l’occasion d’un exercice de deux jours élaboré par le Centre de recherches des écoles de Coëtquidan [CREC] et avec le concours de Nexters Robotics [qui profita de l’occasion pour présenter sa nouvelle mule robotisée Ultro] et de Sharks Robotics [avec le robot « quadrupède » Spot, développé par l’américain Boston Dynamics].

Trois scénarios étaient au programme : prise d’un carrefour, action défense [de jour, puis de nuit] et combat urbain. Ils ont tous été réalisés deux fois : une première sans les robots, puis une seconde avec l’assistance de ces derniers.

Comme le raconte Ouest France, le bilan de cette expérimentation est mitigé. En fait, tout dépend de l’usage que l’on fait de ces robots, lequels ont tendance à ralentir la manoeuvre et dont l’autonomie peut s’avérer encore insuffisante. Leur utilité pour effectuer des reconnaissances, notamment en milieu urbain, ne fait pas de doute.

« On est plus serein si le robot est passé avant pour faire une reconnaissance », a commenté l’un des élèves officiers. Mais les potentialités de la robotique demandent encore à être explorées. Cela dit, comme l’a souligné un ingénieur du CREC, Gérard de Boisboissel, tout reposera sur la capacité des soldats à se les approprier.

Et cela vaut aussi pour une autre technologie pleine de promesses : celle des exosquelettes.

Pour rappel, un exosquelette est un « robot collaboratif » [ou Cobot] dont l’armature se compose de jambes et de bras « mécatroniques » [c’est à dire combinant la mécanique, l’électronique et l’informatique]. Ce système permet à celui qui en est équipé de porter des charges lourdes, en toute facilité, sans solliciter ses muscles. Évidemment, on en voit tout l’intérêt pour les fantassins, qui peuvent porter plus de 40 kg d’équipements une fois débarqués, ou encore pour les artilleurs, qui ont à manipuler des obus.

En février 2019, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] a publié une demande d’information concernant les exosquelettes dits « passifs », car étant dépourvus de moteurs électriques, ils fonctionnent par report de la charge au sol via un système de tiges et de rotules. L’objectif était alors de voir ce que de tels dispositifs pouvaient apporter pour réduire la fatigue et le risque traumatique pour le combattant, et donc pour augmenter son endurance.

Deux ans plus tard, l’armée de Terre, via son « Battle Lab Terre », a donc lancé une expérimentation avec des exosquelettes passifs acquis auprès de la société Mawashi qui, comme son nom ne l’indique pas, est canadienne. Trois unités ont été désignées pour cela : le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes [RCP], le 17e Régiment de Génie Parachutiste [RGP], et le 13e Bataillon de Chasseurs Alpins [BCA].

Cette expérimentation durera jusqu’à la fin de cette année, chaque régiment ayant une tâche particulière. Ainsi, le 13e BCA évaluera ces exosquelettes lors de missions commando [infiltration à pied et/ou héliportée, évacuation de blessés, etc]. « Cette technologie innovante sera également éprouvée durant des patrouilles en montagne, comprenant du franchissement de passage, du rappel, de la via ferrata, et de la progression à ski », précise l’armée de Terre.

Ces exosquelettes seront également testés dans des conditions reproduisant celles de l’opération Harpie, en Guyane. Enfin, le Battle Lab Terre souhaite également en vérifier l’apport pour des missions comme Sentinelle.

« Toutes ces mises en situations de l’exosquelette feront l’objet d’un retour d’expérience progressif de la part des utilisateurs, que le Battle Lab Terre recueillera afin de déterminer la pertinence de l’apport d’une telle innovation », conclut l’armée de Terre.

Photo : Sirpa TERRE

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