Barkhane : L’État-major des armées réfléchit sur une évolution de l’usage des Véhicules blindés légers

Le Véhicule blindé léger [VBL] est incontournable pour mener des missions de reconnaissance et de renseignement. C’est d’ailleurs de l’une d’entre-elles que le sergent-chef Yvonne Huynh et le brigadier-chef Loïc Risser, du 2e Régiment de Hussards [RH] ont perdu la vie lors d’une attaque à l’engin explosif improvisé [IED] dans la région de Menaka [Mali], le 2 janvier.

L’automne dernier, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, avait précisé que plus de 20% du parc de VBL était « déployé en opération ou prépositionné au sein de nos forces de présence ou de souveraineté. » Et qu’au Sahel, ces véhicules représentaient 30% des engins blindés engagés.

Les VBL sont des « engins de reconnaissance incontournables en opération, aujourd’hui insuffisamment protégés », avait expliqué le CEMA, lors d’une audition parlementaire. « Un programme de
régénération partiel de 800 de ces engins vise à maintenir cette capacité en attendant que leurs successeurs ne soient définis », avait-il ajouté.

Effectivement, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoit la mise en service de 730 VBL « régénérés », c’est à dire portés au standard Ultima, lequel comporte plusieurs améliorations au niveau de la protection, de la motorisation et du maintien en condition opérationnelle [MCO]. Puis, un autre engin, appelé VBAE [Véhicule blindé d’aide à l’engagement] prendra ensuite le relai, dans le cadre du programme SCORPION.

Cependant, il faudra patienter pour voir arriver ces VBL « Ultima » dans les régiments. « Les premières livraisons sont attendues pour le début de l’année prochaine », a en effet précisé Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition au Sénat, le 20 janvier. Et avant leur mise en service, ces véhicules passeront par la Section technique de l’armée de Terre [STAT] à des fins d’évaluation.

Mais face à la menace des IED, il a été commandé des kits de blindage destinés aux VBL Mark 1. Et il y a une certaine confusion à leur sujet. À l’Assemblée nationale, la députée Sereine Mauborgne a indiqué que ces dispositifs avaient été livrés et qu’ils étaient prêts à être montés… tandis qu’au Sénat, le sénateur Cédric Perrin a fait état d’un « retard » de l’industriel.

Quoi qu’il en soit, et comme elle l’avait déjà indiqué quelques jours plus tôt devant les députés, ces VBL Mark1 dotés de ce nouveau kit de protection seront déployés au Sahel dans le courant du premier semestre 2021. Ils seront « acheminés par voie aérienne. Nous faisons tout pour que ce soit fait le plus rapidement possible », a-t-elle dit aux sénateurs.

En quoi consiste ce nouveau kit de protection? Les informations à son sujet se font rares… Mais ce n’est pas la première fois que de tels dispositifs seront installés sur les VBL. En 2010, en Afghanistan, il avait été question de « structures additionnelles » de type « Last Armor ». « En moins de huit heures les équipages de VBL peuvent installer eux-mêmes des plaques d’aluminium extérieures et des panneaux intérieurs en kevlar », expliquait l’État-major des armées [EMA], à l’époque.

En outre, dans une fiche de présentation mise à jour en juin 2019, l’armée de Terre précise que les VBL sont munis d’un « kit de surprotection latérale contre les engins et explosifs improvisés » et de « vitrages balistiques multi-feuilles. »

Par ailleurs, Mme Parly avait évoqué, devant les députés, des travaux visant à améliorer la détection des IED. Et de citer des radars pénétrateurs de sol, de « radars aériens embarqués pour déceler, entre plusieurs passages, d’éventuelles modifications de terrain qui auraient pu intervenir », d’engins autonomes pour ouvrir les itinéraires, etc… Ces nouveaux équipements, a-t-elle confié aux sénateurs, seraient désormais « quasiment en situation d’être déployés sur le terrain. » Et d’ajouter : « Il faut passer de l’innovation au déploiement. C’est toujous le défi auquel nous sommes confrontés ».

Reste qu’il y a urgence à contrer la menace des IED. Aussi, Mme Parly a indiqué que l’État-major des armées était en train de mener une réflexion sur l’usage actuel des VBL.

Le VBL Ultima comme les autres moyens envisagés n’étant « pas des solutions à très court terme, avec le chef d’état-major des armées, nous avons lancé une réflexion pour essayer de modifier également l’usage qui est fait des Véhicules blindés légers, qui restent des véhicules, comme leur nom l’indique, blindés et légers », a confié la ministre aux sénateurs.

« Donc, au-delà du renforcement des structures, il y a une réflexion à conduire rapidement – ll ne s’agit pas d’une réflexion au long cours – pour essayer d’apporter la meilleure protection à nos militaires », a conclu Mme Parly.

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