Le chef d’état-major espagnol démissionne… après une polémique suscitée par sa vaccination contre la covid-19

En ces temps de crise sanitaire, quand on dirige des forces armées, mieux vaut être en pleine possession de ses moyens… et éviter de contaminer [ou, du moins, de risquer de contaminer] les officiers de son état-major. Aussi, on peut considérer qu’il est logique que les chefs militaires se fassent vacciner contre la covid-19… D’autant plus que, devant les doutes que peuvent avoir certains de leurs subordonnés face à ces vaccins d’un type nouveau, agir ainsi a valeur d’exemple.

Ainsi, aux États-Unis, le Pentagone a fait savoir que, même si les premières doses de vaccins seraient réservées en priorité, au personnel médical militaire, les officiers parmi les plus hauts gradés se feraient vacciner « volontairement, de façon publique, pour faire passer le message sur l’efficacité et la sûreté. »

Mais, en cette période troublée, ce qui passe pour une mesure de bon sens pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres. En témoigne le cas du général Miguel Ángel Villarroya, le chef d’état-major espagnol, contraint à la démission en raison de la polémique suscitée par sa vaccination contre le coronavirus.

Cela étant, l’Espagne craint, à l’instar d’autres pays européens, de manquer de doses de vaccins et de ne pas être en mesure d’en injecter aux plus fragiles… Seulement, plusieurs responsables politiques ont usé de passe-droits pour se faire vacciner, créant ainsi une controverse de l’autre côté des Pyrénées.

C’est donc dans ce contexte que le général Villarroya s’est vu reprocher de s’être fait vacciner, avec plusieurs officiers de son état-major. Et quand cette information a été révélée, plusieurs voix se sont élevées pour exiger sa démission. Dans le même temps, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a commandé une enquête.

Selon El Confidential, des sources au sein de l’état-major espagnol avaient pourtant expliqué que les forces armées disposaient de leur propre quota de doses de vaccins et que ces dernières devaient être injectées selon un protocole donnant la priorité au personnel de santé, aux membres des missions internationale ainsi qu’aux officiers de la chaîne de commandement selon un critère d’âge. On peut penser que le général Villarroya, qui fêtera ses 64 ans en mai prochain, était « éligible » [d’autant plus que l’on ne connaît pas son dossier médical…].

Quoi qu’il en soit, devant le tollé suscité par cette affaire, le général Villaroya a donc décidé de remettre sa démission à Mme Robles, qui l’a acceptée.

Dans sa lette de démission, le désormais ancien CEMA espagnol fait valoir que, durant ses 45 années de carrière militaire, il a toujours fait en sorte d’être « honnête », tout en étant « dominé par l’esprit de service et l’amour de l’Espagne ». En outre, il a également souligné qu’il s’est « toujours efforcé de donner l’exemple à ses subordonnés. »

Enfin, s’agissant de l’objet de sa démission, le général Villarroya soutient qu’il a agi « dans le respect de ses obligations, conformément aux protocoles établis et dans le seul but de préserver l’intégrité, la continuité et l’efficacité de la chaîne opérationnnelle des forces armées. »

En outre, ajoute dans le communiqué de l’état-major espagnol, ces dernières ont « pris des décisions qu’elles jugent correctes et qui n’ont jamais tenté de profiter de privilèges injustifiables. »

Cependant, poursuit le texte, ces décisions « ont détérioré l’image publique des forces armées et remettent en question l’honnêteté du général Villarroya. Aussi, « Dans le but de ne pas nuire à cette image, et en toute conscience, il a présenté aujourd’hui […] sa demande de cesser ses fonctions actuelles de chef d’état-major », conclut le communiqué.

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