Selon l’État-major des armées, Barkhane déjoue une grosse vingtaine d’attaques par IED tous les ans

Jusqu’à présent, on ne disposait pas de chiffres sur les attaques par engins explosifs improvisés [IED] commises contre la force française Barkhane. Au plus pouvait-on en avoir une vague idée en consultant les rapports du secrétaire général des Nations unies sur la situation au Mali.

Justement, dans l’un de ces derniers rapports, il était fait état d’une hausse de 65% d’attaques par IED contre les Casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA] au cours du premier semestre 2020. Pour autant, le nombre global d’attaques était « resté constant », même si le « nombre de victimes civiles dans le centre a augmenté du fait d’une plus grande utilisation du type d’engins explosifs improvisés déclenchés par les victimes. »

S’agissant plus particulièrement de Barkhane, l’État-major des armées [EMA] a fini par livrer quelques éclaircissements. Ainsi, selon son porte-parole, le colonel Frédéric Barbry, sollicité par l’AFP, chaque année, les militaires français « découvrent et empêchent l’explosion d’une grosse vingtaine d’IED posés par les groupes terroristes ». Et « tous les ans, nous déplorons en moyenne une dizaine d’attaques par IED », a-t-il dit.

Alors qu’au moins deux attaques par IED ont été commises contre Barkhane au cours de ces deux dernières semaines [lesquelles ont fait cinq tués parmi les militaires français], l’EMA n’a pas constaté une « recrudescence » de ce mode opératoire sur le terrain. Du moins contre les troupes françaises.

« Le pic de ces attaques a eu lieu en 2015, elles sont aujourd’hui en décroissance », a affirmé le colonel Barbry. Cependant, « la tendance est à une augmentation de la charge explosive de ces engins. Charges qui peuvent aller « jusqu’à 40 kg », a-t-il précisé, confirmant ainsi les propos tenus par Florence Parly, la ministre des Armées, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale.

« Quelle que soit la force du blindage, les quantités d’explosif utilisées au Mali au cours des derniers mois sont telles que même le meilleur engin blindé ne peut pas protéger les soldats qui s’y trouvent », avait en effet affirmé la ministre.

Pour contrer cette menace, les forces françaises disposent de 400 brouilleurs, dont plus des deux tiers ont été déployés au Mali, selon l’EMA. Parmi eux, une demi-douzaine sont des kits « BARAGE » [Brouilleur Anti-IED Réactifs Actifs Goniométriques]. Ces nouveaux dispositifs, qui équipement les véhicules du programme SCORPION, « brouillent les signaux de télécommandes radio dans une très large bande de fréquence, tout en étant compatible avec les moyens de radio communication utilisés par les forces amies », explique Thales.

Toutefois, les brouilleurs sont efficaces contre les IED déclenchés à distance, généralement avec un téléphone mobile. Or, ceux utilisés au Mali sont, dans leur « très grande majorité », déclenchés « par pression » lors du passage d’un véhicule, avance l’EMA.

Enfin, selon le colonel Barbry, 23 militaires français ont perdu la vie au Mali à cause de l’explosion d’un IED ou d’un véhicule piégé [VBIED].

Quant au nombre de blessés, l’EMA ne le communique pas. Cependant, selon le rapport sur le suivi des blessés rendu en 2019 par les députées Anissa Khedher et Laurence Trastour-Isnard, on compte une quarantaine de blessés par « armes ou engins explosifs » par an depuis 2013. Soit deux fois moins que pendant la période 2008-2012, marquée par l’engagement en Afghanistan.

Photo : © EMA

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