Un premier Mirage 2000D « rénové » a été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace

La modernisation des Mirage 2000D avait été prévue par la Loi de programmation militaire [LPM] 2009-14. Et, à l’époque, il était déjà avancée que cette opération était absolument indispensable pour remédier au retrait progressif des Mirage F1 et épauler les Rafale.

Seulement, en 2010, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, décida de reporter cette « rénovation » des Mirage 2000D en avançant des impératifs budgétaires. Et la pilule fut difficile à avaler pour le général Jean-Claude Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA] à l’époque.

« Il est bien certain que ce n’est pas en reportant chaque année les décision qu’on améliore les choses! Je rappelle que la rénovation à mi-vie des Mirage 2000D ne résulte pas d’une décision de l’armée de l’Air mais a été débattue dans le cadre du Livre blanc et dans divers forums », fit-il valoir devant les parlementaires, soulignant que le coût d’une telle opération était relativement modeste, de l’ordre de 10 millions d’euros par avion.

Cependant, grâce à un amendement du député [PS] Jean-Claude Viollet, il fut possible de moderniser a minima les Mirage 2000D en leur permettant d’empoter la nacelle de renseignement électromagnétique ASTAC, alors mise en oeuvre par les Mirage F1CR.

La LPM suivante fit de la modernisation des Mirage 2000D une priorité, tout en réduisant de 71 à 55 le nombre d’appareils concernés. En 2016, cette opération semblait être en bonne voie d’être réalisée puisqu’un contrat fut notifié à Dassault Aviation et à MBDA pour la mener à bien. « C’est cette flotte pivot qui nous permet de garantir le format de l’armée de l’Air et notre capacité à tenir nos opérations dans la durée », avait justifié, quelques mois plus tôt, le général André Lanata, alors CEMAA.

Mais, les coupes budgétaires décidées en juillet 2017 [qui provoquèrent la démission du général de Villiers, alors chef d’état-major des armées] la retardèrent à nouveau…. avant d’être de nouveau confirmée dans la LPM 2019-25.

Tout vient à point à qui sait attendre, dit-on. Et, dix ans après la décision de M. Morin, un premier Mirage 2000D rénové [le n°639] a enfin été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE]. L’appareil a rejoint la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, le 7 janvier. Il sera désormais entre les mains du le Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM].

Pour rappel, la rénovation du Mirage 2000D consiste à moderniser leur avionique, à leur permettre d’emporter des missiles d’autoprotection MICA infrarouge en lieu et place des actuels MAGIC et à les doter d’une nacelle canon CC422, une version dérivée et raccourcie du CC420 de 30 mm qui armait les Mirage F1B.

« Ce nouveau standard du M2000D va maintenant, et durant près d’un an, subir des essais et expérimentations étatiques avant de pouvoir être déclaré opérationnel », explique l’aAE. Cette campagne a « pour objectif d’autoriser l’emploi du nouveau standard au sein des forces [telles que les ouvertures de domaine ou les campagnes temps chaud] et de permettre une transition opérationnelle optimale pour les escadrons chargés de l’employer au quotidien sur les théâtres d’opérations extérieures comme sur le territoire national », ajoute-t-elle.

Ce qui fait que le Mirage 2000D « rénové » pourra être déployé en opération qu’au cours de l’année 2022, à l’issue d’une « période d’appropriation » par la 3e Escadre de chasse de la base aérienne 133 de Nancy.

Photos : Armée de l’Air & de l’Espace

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