Permettant de se passer du GPS, le système français « Vision » a passé des essais prometteurs
Permettre à un aéronef de se repérer sans recourir aux signaux de géolocalisation par satellite [GPS ou Galileo], susceptibles d’être sensible au brouillage : tel est l’enjeu du projet Vision, confié par la Direction générale de l’armement [DGA] à Safran Electronics & Defense et à Sodern, spécialiste des viseurs stellaires [ou viseurs d’étoiles], indispensables aux missiles stratégiques M51.
Sur le papier, le principe du projet Vision est simple : il consiste à associer une centrale inertielle à un viseur stellaire. En pratique, l’affaire est beaucoup plus compliquée.
Pour rappel, un viseur stellaire est utilisé par les engins spatiaux pour mesurer les coordonnées d’une ou de plusieurs étoiles et les transmettre à un calculateur afin de déterminer, avec une précision de l’ordre de la seconde d’arc [soit 0,000277778 degré] une position ou une trajectoire par par comparaison avec les éphémérides des étoiles et autres corps célestes enregistrées dans une base données.
Sur Terre, un tel système ne peut être utilisé que de nuit et par temps clair. Sauf qu’il sera sans doute possible d’y remédier grâce aux innovations que porte le projet Vision.
La première, développée par Safran Electronics & Defense, constitue une « rupture technologique », selon l’Agence de l’Innovation de Défense [AID]. Il s’agit d’une centrale inertielle à Gyroscope Résonnant Hémisphérique encore plus précise et fiable que celles actuellement disponibles, tout en ayant une consommation et un encombrement plus faibles.
La seconde, mise au point par Sodern, est une viseur stellaire intégrant « des traitements d’images et des technologies innovantes », ce qui permet de « de détecter et d’identifier des étoiles de jour, en dépit de la luminance élevée du ciel. » Comme l’explique l’AID, cela « permet de fournir une mesure corrigeant la position de la centrale inertielle, et cela même en pleine journée. »
La première phase du projet Vision vient de se terminer. Et les essais réalisés au sol et en vol sont particulièrement prometteurs. Cette campagne s’est déroulée en trois étapes.
La première a consisté à réaliser des tests fonctionnels en pleine journée, sur le banc CIRE de la DGA Maîtrise de l’Information [DGA MI]. Puis des essais en altitude ont été effectués à l’observatoire du Pic du Midi, avec le concours du CNRS. Et « la capacité du démonstrateur à poursuivre de 4 à 5 étoiles à différents endroits de la voute céleste, de jour comme de nuit, a été démontrée », explique l’AID.
Enfin, le système Vision a fait l’objet de quatre vols d’essais [trois de jour et un de nuit] à bord d’un avion ATR42 du Service des Avions Français Instrumentés pour la Recherche en Environnement [SAFIRE]. Ce qui a permis de démonter sa viabilité à bord d’un aéronef. « De nombreuses étoiles ont été accrochées et poursuivies de manière fine par le démonstrateur, tout au long des trajectoires de vol et une estimation précise de la position de l’avion a pu être obtenue », conclut l’AID.
Photo : © DGA MI