Deux officiers irakiens tués par une frappe aérienne turque dans le nord de l’Irak

Le 17 juin, malgré les protestations de Bagdad après des frappes aériennes conduites deux jours plus tôt contre plusieurs dizaines de positions du Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK] établies dans le nord de l’Irak, la Turquie a lancé l’opération « Griffes du Tigre », avec ses forces spéciales, appuyées par des drones et des hélicoptères d’attaque. Et cela après des « tirs intense » d’artillerie afin de préparer le terrain.

Depuis les années 2000, la Turquie lance régulièrement des opérations contre le PKK, classé parmi les organisations terroristes, en Irak, plus particulièrement dans la région autonome du Kurdistan irakien, dont les autorités entretiennent par ailleurs de bonnes relations avec Ankara.

Ce qui, d’ailleurs, ne va pas sans froisser le gouvernement irakien, ce dernier ayant, par exemple, dénoncé une violation de sa souveraineté quand des forces turques s’installèrent à Bashiqa [province de Ninive] pour y entraîner les Peshmergas [combattants kurdes irakiens] alors que Mossoul était sous la coupe des jihadistes de l’État islamique [EI ou Daesh].

Quoi qu’il en soit, la réaction irakienne à cette nouvelle incursion militaire turque s’est limitée au champ diplomatique, presque à fleurets mouchetés, l’ambassadeur turc en poste à Bagdad ayant été convoqué au moins à deux reprises au cours de ces dernières semaines. Seulement, Bagdad pourrait durcir le ton, après la « bavure » que viennent de commettre les forces turques.

En effet, le 11 août, un véhicule des gardes-frontières irakiens, avec deux hauts gradés à bord, a été visé par une frappe aérienne. Les deux officiers, ainsi que leur chauffeur, ont été tués. L’armée irakienne a alors dénoncé une « une agression turque flagrante. »

Cela étant, selon d’autres sources, des accrochages ayant eu lieu plus tôt dans la journée, dans les environs de la localité de Sidakan, entre des membres du PKK et les gardes-frontières irakiens, les deux officiers auraient été visés alors qu’ils tenaient une réunion avec des responsables du groupe armé kurde.

Pour le moment, la réaction des autorités irakiennes est, une fois encore, diplomatique. Ainsi, elles ont annulé la visite que devait leur rendre Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense, et convoqué, une fois de plus, l’ambassadeur turc, afin de lui remettre une « lettre de protestation comprenant des termes forts pour dire que l’Irak refuse catégoriquement les agressions et les violations » d’Ankara. Lettre qui risque fort de terminer au panier…

De son côté, la présidence irakienne [qui revient systèmatiquement à un Kurde, ndlr] a dénoncé une « violation dangereuse de la souveraineté de l’Irak » et appelé la Turquie à « cesser toutes ses opérations militaires. »

Mais ces réactions ne sont pas de nature à ébranler les autorités turques, lesquelles n’ont pas réagi à la mort de ces deux officiers irakiens. Le 11 août, le ministère turc de la Défense s’est surtout félicité d’avoir « neutralisé 9 « terroristes du PKK » dans le nord de l’Irak. « Nos opérations se poursuivront jusqu’à ce que le dernier terroriste soit neutralisé », a-t-il assuré.

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